Un jeune bandit.
Acceptant d’aider Reba Chanes à retrouver son jeune frère Will versé dans le grand banditisme, Tex Willer approche la troupe de Lobos et se fait accepter par le chef qui prépare un coup de grande envergure. Guillermo de Santa Luz, un riche et influent politicien fuit le Mexique avec sa femme et ses objets de valeur, sous bonne escorte. Les assassins détrousseurs l’attaquent pendant sa traversée du Rio Grande. Tex ne peut que suivre le mouvement, improviser et prendre des risques afin d’éviter le pire. Il n’est pas au bout de ses peines.
Deuxième partie de l’histoire imaginée par Pasquale Ruju, aux scènes d’action succèdent les tensions entre les personnages qui jouent chacun leur partition dans un concert dissonant voué à la pétarade. Le dessinateur peine parfois à restituer les jeunes visages, notamment celui de Reba, son trait étant plus en phase avec les visages burinés et travaillés par les ombres. Les deux épisodes constituent néanmoins un excellent moment de lecture.

Les loups de la frontière.
Dans Kirtley, bled du sud texan, trois malfrats terrorisent les habitants jusqu’à l’intervention providentielle du jeune hors-la-loi Tex Willer. Dans un ranch des environs, le jeune Will a décidé de s’improviser bandit de grand chemin afin d’améliorer son ordinaire et celui de sa sœur Reba depuis le décès de leurs parents. Reba n’entend pas se détourner du droit chemin et Will décide de partir tenter sa chance de malfrat au Mexique en rejoignant une bande de malfrats transfrontalière. Reba souhaite retrouver son frère afin de le convaincre d’être honnête et d’éviter le pire. Elle cherche de l’aide et apprend qu’un jeune justicier pourchassé par la justice pourrait peut-être intervenir en sa faveur mais Tex Willer est déjà pisté par Raleigh McDougall, un redoutable chasseur de primes.
Pasquale Ruju a imaginé sur deux fascicules, en 112 pages, une histoire de jeune bandit approché par un hors-la-loi pris en filature par un chasseur de primes telle une meute à la queue leu-leu. La frontière ténue entre le bien et le mal est bien esquissée, la rédemption n’étant pas acquise d’office. Si le graphisme de Fabio Valdambrini n’est pas toujours convaincant dans ses jeux de hachures, il demeure classique et lisible et permet de cheminer agréablement dans le passé du futur Texas Ranger.

Les esclaves dans la montagne.
Le patriarche mormon Mathias Humbert, ses deux fils, Selmer, fort comme un bison et Warren, vicieux et cruel, la matrone, dévouée à la cause de son mari vivent isolés dans les monts de l’Utah et détiennent prisonnières deux jeunes femmes, Clementine et Tracy. La famille Mathias, ultra violente, n’hésite pas à éliminer toute personne s’approchant de leur ferme. Tex Willer a décidé d’agir mais Jonah, colosse non-violent, est seul à l’accompagner dans son entreprise hautement risquée d’autant que le shérif Tucker a reconnu en Tex le hors-la-loi recherché. Bien du monde converge vers la ferme Humbert mais bien peu en ressortiront.
Le scénariste sait enfoncer les clous où ça fait mal. Il n’hésite pas à accentuer les contrastes en plombant l’innocence et en noircissant le mal, à l’exemple du père et du fils venus chasser dans les parages de la ferme interdite et abattus sans état d’âme par les frères Humbert. Pasquale Del Vecchio, d’un trait délié et limpide, réalise une bédé accrocheuse. Il est dommage, comme bon nombre de dessinateurs transalpins, qu’il ne soit pas davantage présent dans l’édition française.

Paradise Valley.
Dans la vallée du Paradis, père et fils regagnent leur ferme où les attendent sur le seuil mère et fille. Le retour attendu des hommes à la maison, avec la carriole et le ravitaillement vire au drame quand trois hommes masqués sortent de la forêt et massacrent les parents. Les enfants arrivent à prendre la fuite mais Clementine se fait rattraper quand Luke réussit à se soustraire aux meurtriers. Greenfield, une famille mormon, offre l’hospitalité au jeune Tex Willer quand le shérif Tucker et ses adjoints débarquent pour emmener Jonah Greenfield, jeune homme bâti comme un colosse et soupçonné d’avoir assassiné les fermiers de Paradise Valley. Pour Tex, persuadé que Jonah est innocent, l’urgence est de le soustraire à la vindicte populaire et au lynchage qui l’attendent à son arrivée en ville. Pendant ce temps, les tueurs courent encore.
Diplômé d’architecture comme Pasquale Del Vecchio, Pasquale Ruju concocte, au carré de l’hypoténuse, de multiples histoires pour les séries phares de l’éditeur Sergio Bonelli, Tex Willer, Dylan Dog, Martin Mystère, etc. L’aventure sans temps mort du jeune Tex Willer court sur deux numéros. Simple, efficace et percutante, l’histoire joue habilement sur les contrastes entre les convictions religieuses des Mormons, passant de la non-violence assumée à la sauvagerie débridée. La réalisation graphique de Pasquale Del Vecchio demeure toujours une source de satisfaction tant le trait souple court sur les planches comme une écriture cursive, évidente dans son tracé et parfaitement ligaturée.