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[Ecrits de nature. T. 3, Atlantique Nord | Alexis Gloaguen] |
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Auteur |
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Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Lun 19 Oct 2020 13:46
Sujet du message: [Ecrits de nature. T. 3, Atlantique Nord | Alexis Gloaguen]
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Au-delà du Saint-Laurent, dans le plus grand estuaire du monde.
Maurice Nadeau (1911-2013), remarquable éditeur à la longévité exceptionnelle souhaitait faire paraître les « Ecrits de nature » d’Alexis Gloaguen. La nouvelle équipe éditoriale a pris le relais et fait aboutir un projet porteur et enthousiasmant même s’il demeure relativement confidentiel. En 2020, le tome 3 des « Ecrits de nature » centré sur l’Atlantique Nord clôt la trilogie et fait suite chronologiquement au volume 1 paru en 2017 consacré aux Îles britanniques et au Morbihan et au volume 2 (2018) centré sur l’Ecosse et la Bretagne.
Hibou emblématique du Canada, le Harfang des neiges ouvre le bal dans le tiers livre des « Carnets de nature ». Son apparition à la Pointe du Diamant sur l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon est une source d’émerveillement pour l’observateur qui étudie son « frère de plumes » dans le détail malgré l’hostilité de l’environnement qui œuvre aussi à la grâce de l’instant. Ilot coiffant le nord de l’île Saint-Pierre, le Grand Colombier, refuge d’oiseaux pélagiques, ouvrant sur la béance de l’Atlantique nord captive Alexis Gloaguen dans le texte suivant « Le Roc et la faille ». Son désir de faire corps avec la gent ailée l’entraîne dans des reptations acrobatiques flirtant avec l’abîme. Si le Colombier inspire la vie, la faille, avec son chien Labrador gonflé par la mort, entraîne le regard vers le cloaque de la pollution et l’engluement vers le néant : « Sur les roches, c’est le volettement dérisoire de la vie ». L’auteur s’accroche pourtant et sa danse sur le fil de la falaise, au plus près de la vie volatile, démultiplie l’intensité de l’instant, sa présence au monde, cherchant à : « toucher l’écore du présent » pour « s’ouvrir à l’éternité ». De ses affûts exposés au vent et au gouffre, Alexis Gloaguen « rafraîchit le monde au papier de verre de la poésie ».
La force de l’écriture réside en partie dans la précision du vocabulaire naturaliste, le rendu de la vie par des phrases habitées et dans le balayage attentif des composants d’un environnement ensauvagé. Voir, s’imprégner, écrire afin d’appréhender, c’est-à-dire saisir au corps le monde dans son impermanence et son infini. Bien que l’auteur préfère harponner l’idée par le mot, exprimer le concept, c’est dans la description lapidaire et fouillée, passée au scalpel de la langue qu’il excelle. Le texte de 70 pages « L’heure bleue » en est un bon exemple. Il occupe une place centrale et conséquente dans le recueil. Davantage dirigé sur la réflexion liée à la nécessité d’écrire, il place en retrait les observations de terrain et paradoxalement dilue le propos et la force des idées pourtant fondées et pertinentes. « Regards ouest », composés d’inédits, ouvrent, dans une phrase ultime et méditative, une trilogie exceptionnelle, nourrie d’illustrations remarquables, sertie dans une édition soignée qui placent les « Ecrits de nature » dans le giron des œuvres durables.
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[Ecrits de nature. T. 2, Entre Ecosse et Bretagne | Alex...] |
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Auteur |
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Jeu 23 Jan 2020 11:35
Sujet du message: [Ecrits de nature. T. 2, Entre Ecosse et Bretagne | Alex...]
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La nature immersive.
Swordale, village des hautes terres d’Ecosse et ses environs, le Ben Wyvis, une vieille montagne échinée, le Loch Mhor, l’embouchure des fleuves captent toute l’attention d’Alexis Gloaguen venu suivre sa compagne Marie-Pierre, lectrice rémunérée. En s’installant dans une ferme délabrée cernée par les rats, le couple subit les assauts nocturnes de la gent trotte-menu. L’auteur repère l’ennemi invisible par ses « courses calfeutrées ». Avec une volonté d’immersion dans une nature omniprésente, Alexis Gloaguen s’interroge sur « un autre déchiffrement » du monde par l’ouïe quand les sons surgissent dans leur intensité première. L’auteur communie physiquement avec la nature, transcrit ses sensations et ses visions par l’écriture. En s’ancrant dans la réalité, en cernant ses flottements au fil des saisons, le journal du « Pays voilé » montre une nature transcendée. L’automne donne l’occasion de descriptions flamboyantes : « Les hêtres ont des rousseurs et des verdures meurtries… Les peupliers déjà réduits à un clignement de sommet. […] Les feuilles s’envolent… Elles tracent d’impalpables pointillés… reprenant l’élan du vent… ».
Le second tome des « Ecrits de nature » cingle de l’Ecosse à la Bretagne à travers trois textes réunis, « Le pays voilé » le plus conséquent avec ses 240 pages, rédigé en 1981-1982 dans le comté de Ross, en Ecosse, « Mes Dieux Lares », 1982-1983 et « Le souffle des pierres », 2015 et 2018, écrits dans le Morbihan. Les fines illustrations en couleur réalisées d’une main ailée par Jean-Pierre Delapré enluminent le texte. Le regard affûté, les sens éveillés, Alexis Gloaguen collecte et donne à voir par les mots travaillés au plus près du motif ses nourritures spirituelles. En s’immergeant dans la nature par des marches éblouies, il devient passeur d’une réalité vibratile et fuyante. Pour l’auteur : « Être homme, c’est tenter de comprendre, de sentir et de rendre compte ».
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[Ecrits de nature. T. 1 | Alexis Gloaguen] |
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Auteur |
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1996 Localisation: Nîmes
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Posté: Mar 23 Jan 2018 12:06
Sujet du message: [Ecrits de nature. T. 1 | Alexis Gloaguen]
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La vie en rappel.
En tenant en main les « Ecrits de nature », on peut comprendre immédiatement l’engouement de l’éditeur chevronné qu’était Maurice Nadeau (1911-2013) quand il découvrit les écrits d’Alexis Gloaguen. En 2014, son fils, Gilles Nadeau, a repris le flambeau éditorial et fait paraître le 1er volume d’une trilogie annoncée. A première vue, on songe à un guide naturaliste (format, reliure, titre, couverture illustrée d’un dessin d’épervier pris sur le vif). Dès qu’on débute la lecture, on sent qu’on entame une œuvre littéraire de haute tenue. Les phrases sont denses, le vocabulaire est précis, les métaphores abondent mais tout fait sens et colle à la réalité la plus triviale qui s’en trouve transcendée. Si la lecture est attentive, la compréhension est aisée car jamais l’auteur ne divague ; toujours il revient au motif, le travaillant au corps jusqu’à l’indicible. Philosophe de formation, l’auteur emprunte avec discernement et discrétion à toutes les cultures. Le lecteur peut songer aux leçons du penseur chinois Tchouang-tseu (IVe siècle av. JC) quand Alexis Gloaguen relate le festin d’un faucon pèlerin dépeçant un pigeon : « Le corps entre les sillons est dévoré méthodiquement du cou vers la poitrine, lambeaux par lambeaux, selon les muscles, tendons, articulations et filets de chair connus par le rapace comme les directions du bois par l’artisan ». Les bonheurs d’écriture charment constamment la lecture. Il n’y a plus qu’à chausser les mots et parcourir le pays de Galles, les Cornouailles, le Devon (Dartmoor) dans le « sillage des libellules », les marais salants autour de Vannes, la baie d’Audierne. Les dessins et photographies de Jean-Pierre Delapré qui émaillent l’ouvrage sont au diapason d’une œuvre enchantée.
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