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Les notes de lectures recherchées

2 livres correspondent à cette oeuvre.

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Notation moyenne de ce livre : (2 livres correspondant à cette oeuvre ont été notés)

Mots-clés associés à cette oeuvre : actualite politique, critique politique, politique francaise

Auteur    Message
apo



Sexe: Sexe: Masculin
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Messages: 1894
Localisation: Ile-de-France

Posté: Dim 24 Mar 2019 6:44
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Commentaires : 1 >>

[Lecture encouragée par l'excellente critique de l'ami Franz, que je salue et remercie]

Dans cet essai court, très factuel, extrêmement lisible, et rédigé sur le vif de l'actualité du début des manifestations des « gilets jaunes », le couple de sociologues de la haute bourgeoisie française montre qu'Emmanuel Macron est le Président des ultra-riches : « des » devant s'entendre ici non seulement comme « représentant des... », « élu par le concours des... » ou « défendant uniquement les l'intérêt des... » mais comme « incarnant organiquement la classe des ultra-riches ».
En effet, grâce à trois décennies d'études sociologiques sur cette classe qui, rappelons-le, exerce une violence symbolique aussi inégalée que l'est l'étendue de ses pouvoirs, dans le but de la conquête de privilèges toujours nouveaux et sans cesse accrus au détriment de la majorité de la population, les Pinçon ont pu décliner un grand nombre d'aspects qui, par-delà la personnalité de l'homme, indiquent qu'il est, de cette classe sociale, l'émanation, voire l'instrument et la créature.
Parmi ces aspects, l'on a noté successivement :
- son langage, caractérisé par le mépris des autres (ch 1 : « Le méprisant de la République »),
- ses actions législatives concrètes en faveur des plus nantis, qui dépassent largement la suppression bien connue de l'ISF (ch. 2 : « Un "pognon de dingue" pour les riches »),
- les circonstances de son élection (ch. 3 : « Un président fort mal élu »),
- l'historique de son évolution personnelle, formation et carrière (ch. 4 : Un candidat hors système ? »),
- sa « base socio-spatiale » par alliance (ch. 5 : Le Touquet : bienvenue à Macron-Plage),
- sa connivence avec les patrons des médias, incomparablement supérieure à celle de ses prédécesseurs (ch. 6 : « Une créature médiatique »),
- son nouvel entourage politique : une Assemblée moins représentative que jamais, un gouvernement de millionnaires (ch. 7 : « La caste au pouvoir : le personnel politique de l'oligarchie »),
- sa réalisation de la symbolique monarchique (ch. 8 : « Sous les ors de la République, les appartements du roi »),
- son action politique à l'encontre des défavorisés, dont la ponction des retraités n'est que l'exemple le plus connu (ch. 9 : « Prendre aux pauvres pour donner aux riches »),
- son incitation à la fraude fiscale par le maintien et le renforcement d'une exception remarquable au fameux principe de la séparation des pouvoirs (ch. 10 : « Et pendant ce temps-là, les fraudeurs fiscaux peuvent dormir tranquilles »),
- ses méfaits écologiques (ch. 11 : « Sous les belles paroles du "champion de la Terre", une imposture écologique »).

Le matérialisme historique marxien prend depuis la révolution néolibérale une tournure beaucoup moins théorique, plus concrète, paradoxalement plus identifiable à des personnes que jamais. Si son avant-dernier avatar, me semble-t-il, a été le surgissement des fascismes (y compris le soviétisme), à savoir l'invention de systèmes par lesquels une bureaucratie hypertrophiée de parti unique, nationaliste et militariste a « géré », c-à-d. dévié ou canalisé la lutte des classes – une lutte à somme nulle – le néolibéralisme a ceci de véritablement révolutionnaire : d'avoir compris que, une fois le communisme liquidé, l'antagoniste de classe de la finance mondialisée, c'est l'État lui-même, non une forme de gouvernement ni des politiques spécifiques. Pour peu que celui-ci soit démocratique, l'ennemi est la démocratie même, sans état d'âme. Ainsi, pour la première fois en France, mais non dans d'autres pays qui, depuis bientôt trente ans, donnent des exemples délétères, un jeune homme a été très tôt choisi et préparé à accéder à la magistrature suprême de la République en faisant l'impasse non seulement d'une carrière politique et d'une structure de parti, mais de toute expérience préalable de mandat électif. La cooptation dans des postes-clés par des instances non élues donc fort opaques, la puissance d'un très rapide et efficace montage financier et médiatique, associé à une loi électorale plutôt atypique dans le monde mais commune dans son incitation à l'abstentionnisme, ont rendu caduque le modèle du suffrage et de la fidélisation de la « base », et sont en passe de faire de même de bien d'autres traditions étatiques et démocratiques. Dès lors, l'on s'autorise à penser à une lutte frontale contre la gouvernance étatique tout entière, en particulier par la suppression inédite d'une portion congrue de la fonction publique, qui a pour mission, avant même l'éventuel maintien de l'état-providence, de mettre en œuvre toute politique publique, même réactionnaire, même irréversible, même suicidaire. Avec un État ainsi réduit à l'impuissance, privé déjà de sa politique monétaire, de beaucoup de ses actifs (par les privatisations), de sa prérogative de médiateur et de régulateur entre les classes sociales en conflit, de sa capacité de planification et d'investissement public (la dette publique étant déjà privatisée), il est évident que la puissance de l'argent aura évacué tout autre forme de rival organisé. Reste la rue, qui, historiquement, ne brilla jamais guère pour son organisation... Emblématiquement, dans ce livre qui assiste à leur baptême, les auteurs n'annotent des manifestations des « gilets jaunes » qu'une collection de slogans, plus ou moins heureux : je doute qu'après 19 semaines d'action l'on puisse en retirer bien davantage – sauf du côté opposé naturellement, du côté répressif qui s'est considérablement organisé et aguerri.
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Auteur    Message
Franz



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Inscrit le: 01 Déc 2006
Messages: 1967
Localisation: Nîmes

Posté: Jeu 07 Mar 2019 22:36
MessageSujet du message:
Commentaires : 1 >>

Leurre de gloire.
Inféodé aux ultra-riches, le président de la République française Emmanuel Macron a dévoyé les principes démocratiques élémentaires en se faisant élire par défaut avec une campagne présidentielle financée par des donateurs soucieux d’un retour sur investissement rapide et fructueux. Zélé, Macron supprimera l’impôt de solidarité sur la fortune dès 2017 mais pas seulement, devançant les désirs de ses maîtres payeurs avec de multiples cadeaux fiscaux. Ainsi l’assurance-vie qui s’élève à 1 500 milliards d’euros n’est plus imposable au titre de la fortune alors que les produits financiers représentent 90 % du patrimoine des plus nantis. Avec la création du prélèvement forfaitaire unique, Macron et consorts ont quasiment défiscalisé les revenus du capital. Ils auront eu à cœur aussi de supprimer l’exit tax conçue pour lutter contre l’évasion fiscale et de blanchir dans la foulée les fraudeurs avec l’instauration d’un « droit à l’erreur ». La fraude fiscale est évaluée à 100 milliards d’euros par an alors que le déficit de l’Etat français est de 80 milliards. Enfin, la baisse programmée de l’impôt sur les sociétés, passant de 33,3 % à 25 % devrait représenter une baisse de 11 milliards d’euros de rentrées fiscales. De tels chiffres donnent le tournis, s’épanchant à l’envi dans l’abstraction ; ils demanderaient à être relativisés pour devenir compréhensibles. Néanmoins, les deux sociologues enquêteurs, soucieux d’étayer leur propos, savent aussi fourbir leurs phrases afin de pourfendre l’hypocrisie des discours officiels : « Zéro contrainte pour les plus riches qui doivent ne connaître qu’une « société de confiance » et bénéficier de la générosité des contribuables sans avoir de comptes à rendre tandis que pour les plus pauvres la défiance à leur égard est au coin de chaque mesure, de chaque aide ou de chaque droit ». Cette gabegie financière est savamment orchestrée par des élus « obligés » où la collusion est permanente quand les conflits d’intérêt constituent la norme. Toute cette mascarade pourrait passer comme une lettre à la Poste (tant que le service public demeure) si le chef de l’Etat pouvait s’empêcher de jeter de l’huile sur le feu avec des « macronades » à répétition, aussi vulgaires qu’elles se veulent châtiées. Il est comme ça le Manu, usant des saillies verbales selon son bon plaisir, ponctionnant le gueux, cassant le pauvre, limogeant le fonctionnaire, chassant, bâfrant, s’épatant aux frais de la princesse, sous les ors de la République. Adoubé par Nicolas Sarkozy, traître et menteur patentés : « Macron, c’est moi en mieux », le président des Français actuel ne comprend probablement plus ce qui lui arrive avec la révolte des gilets jaunes. L’enquête des Pinçon est salutaire. En synthétisant les faits et gestes d’un homme qui se rêve monarque et d’une clique à la solde, elle pointe les dangers encourus par une démocratie bafouée. Alors que l’urgence climatique devrait monopoliser toutes les énergies, que la lutte contre les injustices devrait sous-tendre toute action politique, la dilapidation et le mépris règnent sans partage pour le plus grand malheur des générations à venir.
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