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Mots-clés associés à cette oeuvre : azerbaidjan, lectures, mort, voyage
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[Bakou, derniers jours | Olivier Rolin] |
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Auteur |
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Message |
apo
Sexe: Inscrit le: 23 Aoû 2007 Messages: 1959 Localisation: Ile-de-France
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Posté: Dim 10 Fév 2019 7:52
Sujet du message: [Bakou, derniers jours | Olivier Rolin]
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Attiré par un récit de voyage récent à Bakou, malgré une couverture fort repoussante composé uniquement d'une photo de face d'un auteur passablement négligé au regard las et féroce, la lecture de la quatrième m'a convoqué le souvenir de Un Devin m'a dit, de Tiziano Terzani. Association a contrario. Car alors que Terzani, ayant entendu la prophétie qu'il mourrait dans les airs cette année-là, s'embarque dans un long périple de Bangkok à Florence par tout autre moyen de transport que l'avion et l'hélicoptère, et nous livre au final un splendide journal de route de l'Asie du Sud-est et de ses superstitions, Olivier Rolin s'est lui-même créé, dans un roman précédent, une notice biographique qui indique son décès dans un hôtel de Bakou en 2009, et il décide d'aller au-devant de cette fatalité, en dépit des injonctions de ses amis. Âgé de soixante-deux ans, chargé d'une cargaison de livres ayant trait à la mort, dans un état d'esprit d'anticipation de son trépas et de désir de vérification du pouvoir qu'aurait la littérature de générer des prophéties autoréalisatrices, comme le soutient Pierre Bayard (et quelques autres), l'auteur se rend en Azerbaïdjan, et je l'y suis en me demandant si la morbidité du propos déteindra vers des pulsions suicidaires.
Le premier chapitre le laisserait présager, qui décrit à la troisième personne un homme vieillissant sortant d'un petit hôtel de la rue Mirza Mansûr, dans la Ville intérieure à une heure crépusculaire. Ensuite le détachement de la troisième personne sera abandonné, et en fin de compte la morbidité s'estompera – sauf au total une dizaine de scénarios de disparition violente – en monologue aux brides déliées contenant surtout des références aux propres ouvrages de l'auteur et à de multiples lectures inspirées, de loin ou de près, des lieux visités. Il reste un air vague de bilan de sa vie, de belles photos en noir et blanc, illustrant un voyage qui se pousse aussi sur la rive opposée de la Caspienne, du côté du Turkménistan très peu fréquenté et jusqu'à l'ancienne Merv, dans la steppe.
Les ingrédients du récit de voyage sont là, les références littéraires et historiques intéressantes (même si pour la plupart elles ne m'étaient pas inconnues, j'ai retiré une ou deux références et envies de future lecture, donc, de mon côté, le contrat lectoral est rempli), à l'exception peut-être d'une certaine exiguïté des contacts humains – hormis la mignonne Sabina de l'Institut français, qui n'a pas beaucoup d'épaisseur – pour cause d'une connaissance insuffisante des langues locales, même du russe qui fait l'objet d'amers regrets de Rolin. Mais surtout, me semble-t-il, de la nature introspective et – ne craignons pas le mot – dépressive inscrite dans la démarche de ce voyage.
À noter aussi, stylistiquement, l'usage du futur pour une description assurément synchronique du paysage de la ville, dans l'antépénultième chapitre, à partir du paragraphe :
« Je contemplerai une dernière fois Bakou depuis ma terrasse... » (p. 164).
Cit. :
« […] Un écrivain ne peut vivre que dans l'oubli de ce qu'il a écrit et l'ignorance de ce qu'il n'aura ni le temps, ni la force peut-être d'écrire. » (p. 146)
« Curieusement, penserai-je, Bakou, où j'ai été tellement un étranger, où j'ai passé un mois à ne pas faire grand-chose (mais peut-être est-ce justement cette inoccupation qui m'a permis d'être attentif?), est à présent une des villes du monde que je connais le mieux. » (p. 165)
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[Bakou, derniers jours | Olivier Rolin] |
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Auteur |
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Message |
Chimèle
Sexe: Inscrit le: 29 Juil 2007 Messages: 123 Localisation: Drôme
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Posté: Mar 08 Juin 2010 19:02
Sujet du message: [Bakou, derniers jours | Olivier Rolin]
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Commentaires : 0 >> |
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" D'ailleurs ce récit que j'écris, que vous lisez, à quoi ça rime ? Et d'abord, qu'est-ce c'est ? Un journal de voyage, des lambeaux de souvenirs mal cousus entre eux, un testament ? "Un livre sur rien", presque sans sujet, ou dont le sujet reste presque invisible, comme le rêvait Flaubert (mais alors il faudrait qu'il tienne "par la force interne de osn style", et ce serait évidemment présumer de mes forces) ? C'est une promenade sur un fil. Un monologue à voix basse, pour des oreilles patientes, attentives. Une lettre à des amis connus et inconnus. Ils me pardonneront peut-être de mettre de l'ordre dans mes papiers..." pages 82-83
Voilà, vous êtes prévenu, ce livre est un objet un peu bizarre, mais passionnant, plein d'humour. Avec un grand sens de l'autodérision, l'auteur nous parle de ses livres, de livres ou de poèmes aimés, de rencontres.
Je l'ai suivi...et je n'ai pas été déçue du voyage.
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