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[Faites mieux ! | Jean-Luc Mélenchon]
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Swann




Sexe: Sexe: Féminin
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Posté: Dim 04 Aoû 2024 18:37
MessageSujet du message: [Faites mieux ! | Jean-Luc Mélenchon]
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Publié en septembre 2023, cet essai politique fait l'objet d'une campagne de conférences depuis des mois, en France et à l'étranger, à ne pas confondre avec ses conférences sur la Palestine.

Jean-Luc Mélenchon y développe son cher thème de la révolution citoyenne, qu'il a parfois appelée "révolution par les urnes" (et non pas émeute révolutionnaire armée, comme se le répètent en mode sourd-muet-aveugle, certains éditorialistes), pour évoquer le choix d'un vote radical.

Pour démontrer que la situation, les moyens et les champs de vision doivent radicalement évoluer, il va d'abord démontrer que la démographie galopante et la kyrielle de progrès technologiques qu'elle engendre mécaniquement ont en amont apporté un changement radical dans l'humanité et sur la planète. Une réflexion sur le temps, qui m'a fait penser à Tout s'accélère, aboutit au constat effrayant que le "maître des horloges" est désormais le capitalisme. L'auteur poursuit la construction de son cadre de réflexion, qui est la description de notre propre situation, et notamment celle de l'état de nos connaissances et de nos sources de savoir et d'information.

La logique qu'il suit est celle des besoins fondamentaux : air, eau, alimentation... qui doivent être assurés à tous, sans condition et dont aucune espèce de monopole de distribution et de consommation n'est tolérable. On aboutit donc à une politique de la demande, et non pas de l'offre, qui nous régit actuellement.

Jean-Luc Mélenchon se montre visionnaire quand il évoque l'oligarchie et son droit de véto effectif, l'action qu'elle exerce sur la propagande médiatique. Je le savoure d'autant plus cette année, au moment où, pour conserver son gouvernement, le centre prônera une coalition excluant "les extrêmes", avec les médias pour agiter les pompons et reprendre le refrain : "L'oligarchie et la classe médiatique coupent l'omelette aux deux bouts et ressemblent les "extrêmes" dans un même opprobre avant de les diaboliser dans un même rejet". J'ai entendu cette métaphore de l'omelette dans la bouche d'Apolline de Malherbe, et sa déclinaison sur bien d'autres plateaux de presse d'opinion lorsqu'il s'agissait de présenter à leurs invités la nécessité de larguer les "extrêmes" et de redonner les clés du camion à M. Macron.

L'étape suivante : la notion de réseau. Ça vole une fois de plus tellement haut que je reprends souvent la demi-page que j'ai cru pouvoir survoler, cette approche par le haut pour décliner ses avatars ensuite, change des approches inverses et j'ai beaucoup aimé : cela montre que ce qui nous arrive entre dans des processus généraux et nécessite une pensée politique adaptée et non pas adaptable : les patches et le patchwork, l'en-même-temps-tisme ne peuvent pas se prévaloir de répondre aux logiques dans lesquelles nous évoluons.

Sur la situation internationale, Mélenchon présente un tableau actuel, quelques perspectives mais c'est surtout une description, assez utile pour ceux qui se contenteraient du JT ou pire, certaines chaînes d'information, de rapports très tendus qui n'évoluent pas vraiment vers la paix ni la coopération sous la menace des États-Unis d'Amérique en astre mort qui brille encore (métaphore qui donne mon impression, l'auteur ne dit pas de telles choses).

Mis bout à bout, tous ces chapitres expliquent tous ses positionnements, l'éclairent d'une cohérence philosophique humaniste et nous amènent à une conclusion sur un bien commun qui inclue plus que les humains, qui nécessite de la vertu (car il croit que le bien et le mal existent en politique) et de l'engagement.

Je ne peux que regretter que cet essai ait été publié un mois avant le 7 octobre, au moment où il était encore la première personnalité politique de gauche dans les sondages : il n'aurait pas manqué de compléter avec un temps et une profondeur que les fusillades de plateau TV ne lui ont pas laissés, son chapitre sur la diplomatie, et montrer que son immédiat appel à la paix entrait dans ladite cohérence que je trouve à sa vision politique.

Citations :

* J'ose à peine signaler ici une information parue hélas dans une affligeante indifférence, en novembre 2021. Elle provoqua la publication d'un seul et unique pauvre tweet d'enthousiasme. Le mien ! Deux capsules contenant 100 milliards de copies de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d'Olympe de Gouges ont été fabriquées à partir d'un ruban ADN. Après le papier et le silicium, cet usage de l'ADN multiplie par des milliards la capacité de stockage. (...) La méthode de l'ADN permettrait notamment un stockage des données dites "froides", ces précieuses archives de l'inutilisé. Elles tiendraient toutes ainsi dans une boîte à chaussures, disent les inventeurs de ce premier stockage biologique.

* Naturaliser la discrimination ouvre une palette de comportements stéréotypés déjà largement répandus. D'abord "raciser" les statuts sociaux, c'est-à-dire assigner aux couleurs de peau des "tempéraments", leur présupposer une ethnie, une religion, des mœurs et un statut légal discuté. L'extrême droite sert ici comme une garantie de détermination. Cela banalise une opération efficace de division des milieux populaires sur des critères désormais rabâchés sans honte à propos de la couleur de peau, de la religion et des habitudes alimentaires. Puis culpabiliser les victimes du système. "Les "centristes" libéraux s'en chargent. Alors le chômage est la faute des chômeurs, la maladie, celle des malades, la pauvreté, celle des pauvres.

* La ville moderne est caractérisée avant tout par quartiers en fonction de leur niveau de richesse. Les riches de nos villes ne veulent pas vivre à côté des pauvres (...). Ainsi, la "main invisible", bien aidée souvent par l'intervention publique, a accouché d'une ville très profitable pour quelques-uns. A chaque fois, le premier effet est la spécialisation sociale des quartiers. Celle-ci permet de faire payer cher pour s'extraire des quartiers pourris (...). Les émeutes urbaines désormais observables dans le monde ont toutes cette ségrégation comme origine.

* Raymond Barre (autre exemple d'extrême-centre !) à l'origine du désinvestissement de l'État dans l'habitat : "il va laisser faire le marché", c'est-à-dire la création de quartiers pauvres ou riches, sur des zones éloignées où la voiture va devenir indispensable.

* Cette oligarchie méprise le peuple, l'asservit, le divise volontairement par sa propagande diffusant sans relâche des arguments de fragmentation. Elle excite les préjugés racisants et genrés. Elle fait de l'islamophobie un fonds de commerce en application de la théorie propulsée par la stratégie du "choc des civilisations" de Samuel Huntington et des agences d'influence nord-américaines. ("Oligarchie" p. 177)

* La défaite de l'Otan en Afghanistan a clos ce cycle. Bilan ? La réalité globale a changé et les États-Unis n'y jouent pas le rôle avantageux dont ils espéraient la récompense. En Europe, par contre, ils sortent considérablement renforcés par la guerre d'Ukraine déclenchée par la Russie en février 2022.La criminelle et absurde invasion par Vladimir Poutine a détruit deux décennies de travail pour réintégrer la Russie dans un espace européen pacifié et et contractuel. La victoire politique des États-Unis est concrétisée par l'adhésion à l'Otan de deux pays neutres comme la Finlande et la Suède. Et par le sabotage d'une infrastructure comme les gazoducs Nord Stream. Ce sont les deux symboles éclatants de la déroute de la stratégie poutinienne. De son côté l'espace européen s'est de lui-même confiné dans un lien politique transatlantique fusionnel. Il lui interdit toute capacité d'initiative autonome sur son propre espace régional. ("États-Unis : tensions programmées", p. 266)

* [Cette vision] assigne à chacun une volonté de puissance comme valeur cardinale et la compétition comme moyen de cette ambition. (...) Rien n'est moins adapté au siècle du changement climatique et des populations en déshérence. La compétition pour les marchés y est vide de sens. (...) Je m'en tiens au contexte dans lequel prennent désormais place les peuples. Il faut opposer point par point une politique à une autre. Et les mots doivent baliser le nouveau champ sans être abandonnés aux emprunts forcés par nos adversaires. On a trop vu comment c'était leur façon de les dévaloriser par des usages abusifs ou bien par une inaction d'où leur réputation peut ressortir ruinée. Ainsi quand Macron reprit à son compte le concept de planification écologique. Il créa même un Commissariat au plan logé sur un grand pied. Sans aucune action ni aucun résultat. Puis il en chargea la Première ministre en personne, sans davantage d'effets. Ainsi peut-on faire mourir les mots. Et avec eux ce qu'ils désignent. ("L'impasse de la compétition", p. 276)

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