[Champignac. 3, Quelques atomes de carbone | Béka ; David Etien]
Manque de Blair.
En 1951, prématurément blanchi sous le harnais, Pacôme Champignac reçoit la visite de Margaret Sanger, Américaine, infirmière et militante, à l'origine du planning familial. Margaret a eu vent des travaux de Pacôme sur la mise au point d'une pilule contraceptive. Elle l'invite à Boston afin de rencontrer le médecin et biologiste Gregory Pincus qui travaille sur les hormones liées à la reproduction. C'est non négociable et sabre de bois, c'est parti mon kiki ! Sur place, les deux compères sont vite repérés et pris en filature. Il faut dire que l'Amérique puritaine voit d'un mauvais œil l'émancipation de la femme au détriment de la procréation.
Les deux scénaristes ont parfaitement orchestré la gradation d'une intensité émotionnelle allant crescendo d'un tome à l'autre pour culminer dans le troisième volet de la trilogie consacrée à Champignac. Même si les auteurs adaptent la réalité historique, Margaret devrait normalement avoir 72 ans en 1951 (elle est née en 1879), la dernière aventure de Pacôme Champignac n'en demeure pas moins pertinente, avec des enjeux sociétaux essentiels et déterminants. Pourtant, la force du récit est liée à l'histoire sentimentale de Champignac que David Etien met en image avec talent et sensibilité. La mise en page inventive entrecroise avec finesse passé et présent d'une case à l'autre. Le trait charbonne parfois afin d'accentuer les passages dramatiques et toujours, le regard de Pacôme, même dans des moments complices, reste empreint d'une insondable mélancolie.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]