L'étreinte de pierre.
Benjamin est sculpteur et travaille les volumes de sa compagne Romy, à l'envi. Pourtant, de retour d'un weekend à Cadaqués, il est subjugué par la silhouette d'une jeune femme sur la plage, photographiée par inadvertance, le regard prédateur et l’envie évanescente. Dans la voiture qui les ramène en France, Romy s'aperçoit bien de l'intérêt que Benjamin porte au contenu de son Smartphone. Le sculpteur, légèrement flagorneur, lui répond qu'il trie ses photos et qu'elle sera toujours la source de son inspiration. Survient l'accident routier. Benjamin a des ecchymoses, Romy est plongée dans le coma. Meurtri mais indemne, il sort de l'hôpital et retrouve le tourbillon de la vie. Les souvenirs affluent, la culpabilité le traverse. Pourtant, il enquête avec l'espoir flou de retrouver la belle inconnue de la plage à Cadaqués.
La thématique de la bande dessinée de 300 pages n'est pas sans rappeler le film de Claude Sautet, "Les choses de la vie" (1970) même si c'est l'homme, Pierre (Michel Piccoli) qui sombre dans le coma après avoir percuté en voiture une bétaillère. Il repense à sa femme puis à Hélène (Romy Schneider), son amante. D'ailleurs des extraits du film viennent se télescoper à l'histoire de Romy et de Benjamin. Le désir, l'amour, l'attachement s'entremêlent et fusionnent pour dessiner le parcours mental et l’errance physique d'un homme à la fois obsédé et velléitaire, tenace et frivole, artiste et empathique. Avec élégance, le scénariste bâtit un parcours humain bouleversé par le drame, hanté par la mort, éclairé par l'amour. On pourrait nager dans la niaiserie, on surfe sur des abîmes que les non-dits creusent encore. Le graphisme de Laurent Bonneau est en connivence avec l'histoire. L'œuvre artistique féconde le récit, les nombreuses planches muettes le prolonge magistralement.
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