Joël Pommerat, dont j'ai tenu à comprendre la démarche dans l'apparat-critique abondant de cette édition, revisite le conte indo-européen de Cendrillon et l'adapte pour le théâtre. Dans une version contemporaine qui fait toutefois des clins d’œil au siècle de Perrault, tout en se fondant essentiellement sur la version des frères Grimm, le dramaturge (qui n'a pas séparé le temps d'écriture de celui de la scénographie) s'attache à répondre aux questions que je me suis toujours posé sur ce qui me paraissait être des incohérentes narratives... Et il y répond bien ! En inscrivant Sandra-Cendrier-Cendrillon dans une démarche de deuil mal fondé, il parvient à expliquer que la fille du maître de maison puisse se retrouver à être la souillon du lieu. Le merveilleux du conte va également être évacué en douceur (la marraine fée est toujours là), de même que la fin traditionnelle du conte, qui sacrifie à la fois à la société d'aujourd'hui et à sa conception d'une fin heureuse.
Difficile de classer cette pièce ailleurs que dans le fourre-tout du drame, bien que tragi-comédie lui irait mieux, en effet, malgré les passages tragiques et les manifestations dérangeantes de cruauté, on sourit, on trouve un quiproquo assez savoureux (mais cruel également et que le personnage le plus odieux de la pièce en soit victime ne le rend pas forcément très très gai).
C'est une découverte très intéressante ! J'ai hâte de voir la mise en scène de Pommerat car le décor est tout à fait exceptionnel !
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