Korak aime le rouge.
Tarzan et Jane sont installés à la fourche d’un arbre et devisent sur le nom de leur fils. Faut-il l’appeler Boy, Jack ou Korak ? Laissant ses parents à leur discussion d’adultes, le jeune homme prend le chemin des airs à l’aide d’une liane. Il est suivi de son ami d’enfance, Pahkut, un singe anthropoïde. Scène banale chez les Greystoke : la vie extraordinaire y est habituelle. D’ailleurs, les aventures accourent. Un ballon dirigeable sans occupant vole au ras de la cime des arbres. Korak et Pahkut s’y hissent sans effort. Ils survolent un village où une fillette blonde est retenue prisonnière. En voulant lui prêter secours, Korak tombe aux mains des guerriers. Pahkut s’enfuit. Tarzan arrive mais le père ne sera pas toujours là pour tirer son fils de tous les pièges qui le guettent.
La 1re histoire du comics consacré à Korak, fils de Tarzan, expose encore la filiation pour s’en affranchir dans les récits suivants. Korak et Pahkut tiennent le devant de la scène. Fort, courageux, agile, rusé, Korak dispose de toutes les qualités paternelles. Il peut donc redresser les torts quand il y est confronté puis s’éclipser dans la jungle une fois le sauvetage réalisé, la mission accomplie. L’ignoble esclavagiste européen usant les hommes dans des mines aurifères, les pirates arabes sauvages et déterminés, le buffle en furie, le dieu vautour, le crocodile géant, le sorcier maléfique, le mammouth bolide, l’arbre tueur, l’éléphant fou, le poulpe des abysses jalonnent le parcours de Korak à travers les douze histoires du recueil qui narrent ses aventures merveilleuses et débridées. Russ Manning est le dessinateur orfèvre qui travaille à la mise en ombre et lumière de Tarzan et de Korak. Fin connaisseur des travaux de ses illustres prédécesseurs, Harold Foster et Burne Hogarth, Manning délivre une œuvre personnelle où son trait précis, épuré, d’une élégance remarquable procure un plaisir immédiat et durable, voire inoubliable pour les aficionados touchés par la grâce de l’artiste californien dans leur prime jeunesse. Courtes, désuètes mais rythmées et séduisantes, les histoires se parcourent sans lassitude. Le lecteur peut juste regretter quand Russ Manning cède la place à ses collaborateurs comme dans « Le guerrier des profondeurs » où la naïveté de l’histoire se conjugue à un trait balourd. Quelques calembours échangés entre Korak et « Le guerrier des temps jadis » sont, de même, dispensables. Hormis ces couacs anecdotiques mais plutôt étonnants quand on sait le soin apporté à tout son travail par Russ Manning, la réédition des œuvres du maître aujourd’hui réalisée de belle manière par Graph Zeppelin demeure un enchantement.
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