[Aristophania. 2, Progredientes | Xavier Dorison ; Joël Parnotte]
Ombres et lumière.
Transférée d’une prison l’autre et véhiculée en train, Adèle Francœur est laissée seule en pleine nature par les deux policiers qui l’accompagnent. Le roi banni vient à sa rencontre. Il veut savoir si son époux Clément Francœur lui a révélé quoi que ce soit sur la source Aurore. Adèle préfère sauter dans le vide mais le roi banni fait fi des lois terrestres. Il enveloppe la jeune femme récalcitrante dans un suaire, un calamyrh, qui l’isole de l’azur énergisant afin de pouvoir vaquer dans ses souvenirs pour en extorquer tout ce qui pourrait le mettre sur la piste de la source. Les trois enfants d’Adèle et de Clément, Basile, Victor et Calixte veulent ramener leur mère à la vie coûte que coûte. Protégés par Aristophania, ils doivent aussi la convaincre qu’ils peuvent trouver la source alors même qu’ils ne croient pas en la magie.
Le scénario de Xavier Dorison est bien ficelé. Si le premier volume était accrocheur, le deuxième tome monte en puissance. Introduit et clôturé par l’apparition inquiétante du roi banni, le récit déroule, avec l’implacabilité des contes cruels de Perrault ou de Grimm, l’initiation des trois enfants dans les mondes aussi durs qu’impitoyables de la réalité et de la magie. Rien ne semble pouvoir arrêter la progression du mal, omniprésent et quasi omniscient hormis pour tout ce qui touche à l’azur, dernier pré carré des fées et des chevaliers qui doutent eux-mêmes de l’existence d’une source Aurore. Les personnages révèlent peu à peu leurs ambigüités et leurs insuffisances. Le travail de Joël Parnotte est riche, précis et fouillé. Le talentueux dessinateur joue avec les cadrages, la mise en page, les couleurs afin de donner sens et expressivité à l’histoire. Alors même que tout pourrait friser le ridicule et le recuit, l’histoire se singularise. Les quelques points de lumière distillés ça et là ne font qu’accentuer l’étendue des noirceurs.
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