Fatale est la proie.
Thobela Mpayipheli alias « P’tit », ancien agent des services secrets sud-africains, pensait déjà se reconvertir dans une vie paisible, honnête, routinière avec la belle Miriam et son fils Pakamile. C’était dans « L’âme du chasseur » (2005), parmi les premiers romans de Deon Meyer, les meilleurs. Dans « La Proie » (2020), Thobela, devenu Daniel Darret, espère devenir invisible, oubliant son passé de tueur d’élite. Il cherche à s’accomplir dans l’ébénisterie, à Bordeaux, sous l’aile d’un vieux maître irascible et taiseux. Les années ont fui ; Thobela a vieilli. Il aimerait tant être transparent mais sa haute stature, sa couleur de peau, ses anciens réflexes l’habitent et le déterminent. Confronté à une agression dans la cité girondine, il doit agir vite et fort mais face à cinq jeunes hommes déterminés : « Il sait qu’à cet âge-là, ils sont mus par leur ego et la pression du groupe, qu’ils vont se ruer tous ensemble sur lui. Il ressent le poids de son âge face à cette violence qui surgit ». Daniel Darret sort de l’ombre et redevient le chasseur. Il est repéré et approché par un vieil ami, compagnon de lutte, Lonnie May qui le presse d’accepter une ultime mission, politique et explosive, afin de sauver l’Afrique du Sud corrompue en haut lieu.
Au pays, deux policiers hors pairs, Vaughn Cupidon et Benny Griessel enquêtent sur le meurtre d’un ex collègue reconverti dans la protection individuelle mais des pressions politiques contrarient leur travail.
D’une écriture vive, fluide et précise, l’écrivain afrikaner Deon Meyer tisse deux intrigues parallèles à travers des chapitres de plus en plus brefs à mesure que le point de convergence et d’impact approche. L’auteur a aussi l’art de combiner à un suspense à double-détente, des personnages en proie à des dilemmes et à des choix déchirants. Face au chaos ambiant, à une tragédie en marche, ils tentent de donner du sens pour rester debout. L’histoire de l’Afrique du Sud nourrit littéralement les romans policiers de Deon Meyer et il est facile d’identifier la « proie » au regard de la date d’édition du livre et des affaires de corruption contextualisées. Riche en rebondissements et en retournement de situations, les 567 pages de « La Proie » se dévorent avec appétit, jusqu’à satiété.
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