[L’assassin qu’elle mérite. 2, La fin de l’innocence | Wilfrid Lupano ; Yannick Corboz]
Le côté obscur de la farce.
Apprenti tailleur de pierre, Victor semble anticiper son destin de futur casseur de caillou dans un quelconque bagne patenté. En effet, le jeune homme plonge dans la délinquance après qu’un grand bourgeois désœuvré l’a déniaisé en lui promettant une vie luxueuse et en lui coupant brutalement tout crédit, le rendant à sa condition ouvrière indigente, ce coup bas dans le but de métamorphoser un honnête besogneux en un être menaçant la bonne société. Après son attentat dans un restaurant huppé, Victor est pris en chasse par la police. Recueilli par un chômeur appartenant à un groupuscule antisémite, Victor apprend que son père a été incarcéré afin d’écoper à sa place. Victor nourrit l’idée de le délivrer en kidnappant et en détroussant Mathilde, une prostituée, tout en faisant pression sur un juge fréquentant assidument la maison close où officie Mathilde à laquelle il tient. Par ses actions, Victor va entraîner un engrenage chaotique et sanglant qu’il ne maîtrise ni ne comprend.
Le second tome de la quadrilogie surprend par le tour de vis pris dans le récit et l’aspect sombre développé. Le monde de luxe et d’artifice cher au bourgeois du premier volume est contrebalancé ici par l’envers du décor fait de piaules misérables, de ruelles malfamées, de tristes hôpitaux. Les coups bas tombent et ils font mal. Critique nuancé de la société, le scénariste construit un parcours individuel nourri de rencontres hasardeuses et d’idées faussées et montre en filigrane le déterminisme social ainsi que le poids du conformisme dans une société inégalitaire. Une nouvelle fois, la dernière case incite à lire la suite.
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