Crachin chagrin.
Après que Qinaya, fillette péruvienne orpheline, a été rapatriée à Lima depuis maintenant dix-huit mois, au grand dam de sa famille adoptive en Belgique, Gabriel Van Oosterbeek, le grand-père part seul au Pérou retrouver Qinaya mais la donne a changé. Alain Van Oosterbeek, le fils, purge une peine de prison pour « enlèvement » d’enfant. Qinaya a grandi et son court passage en Belgique semble effacé. Gabriel voudrait écourter à son tour son séjour mais la rencontre de Marc Legendre, un confrère belge, à la recherche de la dépouille de sa fille victime du tremblement de terre d’Arequipa, va rebattre à nouveau les cartes de la destinée, dégageant les chemins intérieurs, les plus encombrés et les plus douloureux à suivre.
Si le premier volet du diptyque fleurait le bon sentiment consensuel, le second tome dégage les fragrances de la vraie vie prenant en compte les oublis, les repentirs, les mensonges mais aussi l’amour, l’abnégation, l’empathie. En donnant cette tournure à l’histoire, Zidrou montre un vrai talent de scénariste réaliste. Le dessin d’Arno Monin semble plus expéditif, moins travaillé (c’est surtout visible dans les dernières planches de l’album) mais cela ne nuit en rien à la qualité de l’ensemble tant le récit et le dessin fonctionnent de concert. Si on peut noter des erreurs et approximations géographiques notamment dans la localisation du Machu Picchu, l’histoire ordinaire d’une bérézina familiale sonne avec justesse et les petits riens du quotidien donnés à voir dans l’album retranscrivent parfaitement les erreurs d’interprétation autant que les élans de l’âme.
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