Tango est lent.
John Cruz, devenu Tango au fil d’aventures encore inavouables, vogue vers les Bahamas avec l’ex policier Mario Borgès, cherchant à revoir son grand-père qui a su l’éduquer selon une sainte trilogie postmoderne : « Un homme n’a que son cœur, sa conscience et sa parole » à laquelle s’ajoute : « un peu d’argent », le nerf de la guerre, le cœur du problème. Tout pourrait n’être qu’idylle et paradis si des narcotrafiquants ne convoitaient pas l’île pour en faire une plaque tournante et développer toujours plus leurs commerces vicieux. Pour ce faire, ils vont s’évertuer à déloger papy, ancien de la Navy, Tango et Borgès, venus prêter main forte.
L’histoire est particulièrement bien composée, à double détente, avec une introduction lente, presque sereine et un développement explosif. Les personnages sont friables, perméables et prennent de vilains coups ce qui attendrit la viande et le lecteur, plus proche du loser qui se bat que du gagneur qui se les tourne. Les flirts et les connivences, l’humour et la détente donnent du relief à l’agressivité sans frein des méchants. Le dessin pêche un peu par excès d’amidon dans la plume c’est-à-dire par usage intempestif d’outils informatiques (tablette et logiciel graphiques) figeant le mouvement comme une injection de botox dans les zygomatiques. La ride s’estompe mais le nerf en prend un coup. Philippe Xavier pourrait mieux faire avec moins. Bien que légèrement inférieur au 1er tome, le second volume se vide comme un rhum arrangé en attendant la tournée suivante.
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