Il y a une vingtaine d’années, sur l’île danoise de Bornholm, le cadavre perché en haut d’un arbre d’une jeune femme s’était résolu sur la conclusion qu’un chauffard avait percuté la cycliste et s’était enfui après avoir provoqué l’accident. Seul contre tous, le brigadier de la police îlienne, Christian Habersaat, mène l’enquête durant deux décennies sans résoudre l’affaire qu’il juge d’origine criminelle mais où les preuves se dérobent sans cesse. Il y laissera en vain son métier, sa famille et sa santé. Le jour de son départ à la retraite, Habersaat appelle Carl Mørck pour le féliciter et probablement lui confier l’enquête qui l’obsède mais Mørck n’est pas disposé à coopérer et son ton peu avenant au téléphone dissuade le policier de Bornholm d’expliciter sa démarche. Au moment de son pot de départ, lors de son laïus, face à un auditoire restreint et chiffonné, Habersaat se tire une balle en pleine tête. Affranchi par Rose de la tragédie qui vient de se réaliser, Carl Mørck décide de partir pour l’île de la Baltique afin de faire taire un sentiment de culpabilité mais dans l’espoir aussi de classer la cold case sans s’éterniser. Toutefois, la mort a tout le temps pour elle. Le trio du Département V, Carl, Assad et Rose vont devoir une nouvelle fois remuer la cendre froide des fantômes et attiser les colères enfouies des vivants.
6e enquête du Département V (pudding roboratif annuel) orientée vers le milieu des sectes et nulle lassitude en perspective pour le lecteur jamais vraiment rassasié ! Trois années se sont écoulées depuis L’effet papillon et cette fois-ci l’auteur implique immédiatement Carl Mørck et consorts dans une histoire pleine de non-dits, de rancœurs et de frustrations qu’il faudra bien réchauffer afin de sublimer le marigot des turpitudes humaines pour enfin faire jaillir la vérité et la justice, toujours relatives. De fil en aiguille, Mørck, Rose et Assad recousent un passé délité à l’aide de bribes, d’échos, de fragments qui finissent par constituer des pistes de plus en plus précises à mesure que l’écheveau des égoïsmes se démêle, que les paroles se libèrent. Bien plus qu’une intrigue qui joue sur un ancien crime non élucidé réactivé par le vice-commissaire Carl Mørck et qui s’appuie sur une double temporalité, celle de l’enquête et celle liée à l’activité sectaire, l’intérêt réside sur le déroulement des faits, gestes et paroles de tout un chacun, le moelleux du quotidien donnant corps à des personnages fictifs auxquels le lecteur s’attache comme à des proches.

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