Peut-être le plus grand livre sur la boucherie de 14-18.
Gabriel Chevallier n'est pas dupe du bourrage de crâne des autorités. Il s'engage par curiosité. Mi-goguenard, mi-anar, il raconte SA guerre. Il raconte la peur. Alors que beaucoup de ses confrères glorifient le courage, l'abnégation des poilus,Chevallier n'y voit que postures. Il va au combat la peur au ventre armé d'une lucidité désespérée. Son livre a été retiré de la vente en 1939 (avec l'accord de l'auteur paraît-il...), on comprend vite pourquoi. Et on comprend vite pourquoi le réflexe antimilitariste et pacifiste à tout crin a eu de si beaux jours dans l'entre deux guerres. Personne n'était prêt à retourner au casse-pipe.
Ecrit d'une belle plume alerte c'est souvent un vrai régal quand l'auteur nous donne à lire les savoureux dialogues entre poilus. Souvenons-nous que la grande majorité étaient paysans. Ils ont fait plus que leur part dans ce combat. Gabriel Chevallier ne manque pas d'ailleurs d'ironiser sur l'incompétence des gradés , leur veulerie, leur méchanceté crasse. Lui même, d'un niveau d'éducation supérieure (étudiant aux beaux-arts à l'époque), a refusé toute distinction. Il a même déchiré ses galons de 1ere classe considérant que dans cette mêlée sanglante tous étaient sur un pied d'égalité.
Un livre qui m'a donné l'envie d'en savoir plus sur ce lyonnais, un peu oublié aujourd'hui et qui ne reste que comme l'auteur de Clochemerle.
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