A Paris, un couple, Tom et Chloé, s’enrhume et rêve des îles Maldives à Noël. Chloé participe à un jeu de loterie à la télévision. Le curseur oscille entre le briquet, mille euros, la banqueroute et c’est le voyage à Paradise Island qui s’affiche, un club de luxe, au soleil, « sur une île réservée aux amateurs de volupté ». En vol pour un endroit dont Internet ne dit rien… Un yacht prend le relais et le site déploie son luxe de stucs et de champagne à gogo. Le couple est pris en main. Chloé n’a pas le choix à l’institut de beauté, lavée, épilée, coiffée pendant que Tom, au salon de massage, subit sa première fellation et y prend goût. La suite n’est plus que partouze, travestissement, orgie, drogue, dépossession de soi et glissement progressif dans l’avilissement consenti sous le prétexte fallacieux de la jouissance effrénée et gratuite. A la fin, Chloé se laisserait bien tenter pour devenir une hôtesse d’accueil, « grassement rémunérée », à la disposition du client. Tom est dubitatif et reste évasif quant à un éventuel retour sur Paradise Island.
Sans transition d’un jeu télévisé décérébré au sexe abrutissant, la bédé expose une facette de la société du spectacle avec la perte du libre-arbitre et de l’initiative personnelle. D’abord interloqués par l’audace des résidents qui s’affichent et jouissent sans aucune retenue, Tom et Chloé vont accepter de se fondre dans une ambiance voluptueuse et participer, du corps entier mais sans l’esprit, comme lessivé, à la débauche charnelle où chacun joue sa partition solo et ne donne rien d’autre que ses épaisses sécrétions. Sous un dessin lisse et des couleurs flashy, le propos est sombre comme un coït sans âme. La pornographie est omniprésente dans l’étalage des corps décervelés, la représentation des sexes lustrés en gros plan et les découpages au plus près des chairs préparées pour une fête sans visage.

----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]