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[Odes dérisoires. Et quelques autres un peu moins | Oliv...]
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Franz



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Posté: Jeu 25 Mar 2010 12:29
MessageSujet du message: [Odes dérisoires. Et quelques autres un peu moins | Oliv...]
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[Odes dérisoires. Et quelques autres un peu moins | Olivier Barbarant]

Comme toujours dans le discernement d’une nouvelle voix, j’arrive après la bataille mais qu’importe, la victoire est acquise ! La découverte de la poésie d’Olivier Barbarant (né en 1966 à Bar-sur-Aube) est une merveille de simplicité, de sensibilité et de touche à l’âme. Ses odes sont « dérisoires » uniquement parce que la vie se résume à des riens mais leur puissance élégiaque ne peut pas s’épuiser. On en est tous là, les deux pieds sur la margelle, au bord du vide, avec des approximations et des souvenirs édulcorés en guise de parachute. Peut-on aussi bien dire l’amour et son froissement : « Le cœur battait vraiment pour la première fois j’allais à ta rencontre/Et je jetais dans les pétales sans le savoir la poussière de mes propres pas. » ? Bigre ! Olivier Barbarant n’a qu’une trentaine d’années à l’époque quand il écrit cela et il porte déjà en lui une clairvoyance ouvrant sur une mélancolie sans fond ! Fort heureusement, les poèmes qui suivent « Ode aux fontaines », sont moins émouvants, plus anecdotiques sinon je risquais la cataracte lacrymale, ce qui ne m’était plus arrivé depuis des lustres et la découverte bouleversante d’Une saison en enfer d’Arthur Rimbaud. C’était il y a plusieurs décennies maintenant. J’y suis toujours, dans la Saison et dans son enfer. La plume d’Olivier Barbarant n’est pas totalement étrangère au « livre nègre » de l’Ardennais. Le même plomb dans les ciels du nord et de l’est, une fausse naïveté émouvante, une gangue identique et la nécessité de s’en extirper par la langue, en rampant car il faut composer avec la « rude réalité à étreindre ». « Votre vie ce balbutiement » susurre Olivier Barbarant quand Arthur Rimbaud clame que « La vraie vie est ailleurs ». Les comparaisons s’arrêtent là quand Rimbaud a imaginé son Ophélie et que Barbarant a rencontré sa Bérénice. L’amour s’est réinventé dans des bras et un cœur aimantés. Dans la 2e partie du recueil, intitulée « Odes moins dérisoires », le poète reprend la main et joue à nouveau en maître la partition des vies prêtes à trépasser. L’« Ode à la cathédrale de Laon » n’est plus anecdotique. Elle est riche de trouvailles tant dans la syncope que dans la métaphore : « J’ai toujours préféré les églises romanes/La courbe douce des voûtes le silence y dormant/La pierre nue sans autre apprêt qu’un refrain de colonnes/Et la pénombre chaque fois qui prend la forme d’une hanche ». L’« Ode au paysan [de Paris] » m’a d’abord fait douter. J’ai cru entendre un panégyrique à la gloire de feu François Mitterrand. Dérouté, j’ai failli claquer le livre dans une poubelle avant de découvrir le dédicataire du poème : « J’aime mieux vivre en Aragon qu’habiter les contrées d’aujourd’hui ». L’« Ode au Caravage » qui suit est une pépite ainsi que l’« Ode à l’inconnu du Café de l’Univers sur la grand-place de Saint-Quentin ». La rencontre avec un poète est toujours un embellissement de la vie.

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