Réticent à me procurer la nouvelle édition de Welcome to the Death Club parue chez Cornélius fin 2009, j’ai bien dû reconnaître que le plaisir ressenti à la lecture était supérieur à mes ruminations filandreuses face à la gabegie et à l’infâmie d’un système mercantile que j’excècre. Les éditions 6 Pieds sous terre avaient déjà fait du bon travail en 2002 à propos du grand livre de Winshluss. Cornélius sait faire des beaux livres et celui-ci est une réussite. Les noirs, blancs et gris sont superbes. Il y a un bémol pour les planches en couleur, légèrement floues mais elles constituent un ajout essentiel à cette nouvelle édition. La couverture aussi est inédite. Elle est magnifique tant dans la forme que dans le fond. Dans les rinceaux de roses, la mort est plantée comme un piquet, en toile de fond. Deux enfants poupées, aux sourires figés, glacés et légèrement inquiétants, jouent aux raquettes mais le volant est une grenade. On pourrait gloser autour de cet engin de mort suspendu, qui se découpe sur fond de cumulus immaculé. Bruegel l’Ancien dans Le triomphe de la mort use déjà d’un procédé similaire. La couverture à rabat est illustrée sur toutes les faces. Le cavalier de l’apocalypse poursuivant Toto en 4e de couverture est stupéfiant. Un superbe dépliant en couleur est inséré dans le recueil. Il reprend entre autre la couverture originale de 2002. D’autres ajouts notables apportent beaucoup, à l’exemple du récit en six planches « Comment devenir fort et musclé… » qui parodie la fable de La Fontaine, « La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf ». De la morale : « La chétive pécore/S’enfla si bien qu’elle creva », Winshluss dessine une histoire sans parole contemporaine et hilarante. On ne peut pas changer sa nature et les lavis gris du grand dessinateur le disent magistralement. Décidément, même avec des produits recyclés, Winshluss donne encore à voir et à aimer.
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