Inde, pays des castes, des divinités aux noms imprononçables, pays des contrastes entre tradition et modernité, entre héritage religieux et aspiration au progrès social…
C’est dans ce pays aux multiples facettes que naissent Estha et Rahel, faux jumeaux qui, suite au divorce de leur mère Ammu, sont revenus vivre avec elle dans la maison grand-parentale, située à Ayemenem. Ils y cohabitent avec leur grand-mère, Mammachi, sa sœur Baby Kochamma, restée célibataire parce que le seul homme qu’elle a aimé dans sa vie était un prêtre, et Chacko, le frère d’Ammu. A l’occasion des fêtes de Noël, l’ex-femme de Chacko, Margaret, et leur fille Sophie, arrivent d’Angleterre. Au cours de leur séjour à Ayemenem, de terribles événements vont se produire, qui bouleverseront à jamais la vie des jumeaux ainsi que celle de leurs proches.
J’ai eu au départ un peu de mal à entrer dans ce roman : on y passe d’un événement et d’une époque à l’autre, faisant connaissance d’un seul coup avec tout un tas de personnages dont j’appréhendais difficilement l’importance au sein du récit. Et puis, petit à petit, l’histoire se met en place, chacun intégrant le rôle qu’il va jouer dans le drame à venir. Oui, car dès les premières pages, le lecteur est averti que quelque chose de terrible va arriver (ou est arrivé, puisqu’en fonction des chapitres, l’action se situe juste avant ou des années après l’événement fatidique). Il en résulte que le récit prend des allures de mythe, en raison du caractère inéluctable de la tragédie, et de la nature des ingrédients qui la composent : amours clandestines, mort, transgression de l’ultime tabou imposé par cette société de castes…
Et en même temps, cela reste une tragédie terriblement humaine, inévitable dans une Inde qui recèle tant d’inégalités, entre hommes et femmes, riches et pauvres, anglais et autochtones. D’autant que ces inégalités servent les intérêts d’autorités corrompues, et que, comme bien souvent, le pouvoir de l’argent et les alliances politico-économiques priment sur les idéaux ou les sentiments.
Que les séries télévisées remplacent les contes, que les derniers danseurs traditionnels ne deviennent plus que des attractions pour touristes, sont sans doute pour certains le signe de l’accession au sacro-saint progrès… les mentalités, elles, semblent avoir vraiment du mal à évoluer.
Vous l'aurez compris, "Le Dieu des Petits Riens" est un livre qui laisse, à décrire tant d'injustices et de cruauté, un goût amer... mais le charme que recèle l'écriture d'Arundhati Roy parvient à le rendre néanmoins digeste!
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