[Le génie à l'usage de ceux qui n'en ont pas | Georges Picard]
Le narrateur, qui peut être un écrivain, est soudain atterré par la pensée qu'il manque de génie. D'abord paralysé par l'avilissement, il se redresse lentement grâce à la recherche de cette denrée aussi rare qu'ineffable. Il rencontre des personnages excentriques qu'il soupçonne d'être détenteurs de ce qui lui fait défaut, ou au moins à même de lui fournir des pistes de recherche. Ces rencontres produisent des dialogues superbement surréalistes et absurdes où se multiplient les "seconds degrés" mêlés aux malentendus hilarants.
Puis, progressivement, à mesure que la conscience et la confiance de ce héros mûrissent, les dialogues s'alternent à des développements de plus en plus florifères sur ce thème du génie, qui puisent dans le terreau fertile de la philosophie classique (Diderot, Kant, Nietzsche), mais dans une légèreté parfumé comme un bouquet printanier, qui ne renonce jamais à un humour exquis et au ton surréaliste originaire. La conclusion m'a fait penser aux meilleures pages du Maître et Marguerite de Bulgakov (que j'adore).
Le style correspond totalement à mes propres rêves de plume ; les phrases "chrestomathiesables" sont si nombreuses que j'ai renoncé à en noter les pages dès le début ; mais ce qui compte le plus pour moi, c'est que je viens de découvrir en Georges Picard un Auteur. (Encore une oeuvre ou deux à lire pour son accès irréversible dans mon pathéon privé.)
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]