Recueil de nouvelles d'un écrivain que l'on ne lit plus beaucoup, Eugène Dabit ; pourtant l'auteur de "Hôtel du nord" dont Marcel Carné à tiré le film éponyme (Gabin, Arletty...). Onze nouvelles rééditées par Buchet-Chastel qui sont ,pour moi, une vraie révélation. De nos jours c'est assez mal vu de qualifier une oeuvre ou même une personne de populiste, et pourtant c'est une définition qui s'applique remarquablement à ces nouvelles ; Eugène Dabit est bien dans la veine des Henri Poulaille, des Louis Guilloux ; autodidacte, issu d'un milieu modeste,engagé volontaire en 1916,passionné de peinture puis encouragé par Gide et Martin du Gard à publier ses premiers écrits. Eugène Dabit est le chantre des amours vouées à l'échec dans le Paris des faubourgs, le chantre des amitiés "entre hommes" dans les années où les femmes s'appelaient Marcelle,Georgette,Suzanne, et les hommes Arthur,André,Léon...
Parmi ces onzes nouvelles trois m'ont particulierement plues ; dans "Mère et enfant" Dabit montre la vie d'une famille ouvrière dans le Paris du XIXe, le père boit,traine dans les bars ou il dilapide sa paie,sa femme et sa fille de 10 ans l'attendent , le père perd son travail,la mère veut se tuer,elle en réchappe et entrant dans un café pour se réconforter elle offre à sa fille un verre de rhum...à 10 ans.Là le Zola de " L assomoir" est convoqué !
Dans "Les deux soeurs" Dabit nous raconte les aventures amoureuses de deux soeurs montées de leur province , Yvonne et Jeanette, elles habitent ensemble près du canal Saint Martin, à l'hôtel du nord précisemment !! elles ont chacune un "homme", mais comme souvent chez Dabit les "mecs" sont un peu salaud aux entournures...
Mais celle que je préfère c'est "Vacances", une courte nouvelle qui a déclanchée en moi la nostalgie de la ...nostalgie. C'est l'histoire toute simple d'un jeune parisien qui va passer ses vacances chez son oncle en Charente, d'abord distant envers ses cousines, il se prend au jeu de l'amitiè amoureuse avec l'ainée,Marguerite. Réminiscences de Renoir (père et fils ! ), souvenirs personnels d'étés toujours ensoleillés,ballades dans des chemins odorants et ombragés,complicités des parents....
Eugène Dabit est mort à 37 ans d'une scarlatine, en URSS, lors du fameux voyage des intellectuels antifascistes. S'il fût ce que l'on peut appeler "un compagnon de route", jamais il ne hurla avec les loups , ce dont la mémoire "littéraire" lui est reconnaissante.
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