[L'enfant qui s'est arrêté au seuil du langage : Comprendre l'autisme | Henri Rey-Flaud]

Je ne m’étais jamais intéressé à l’autisme auparavant, mais les circonstances de la vie m’ont conduit à lire cet ouvrage très bien écrit. Pour la première fois, un auteur ose parler de l’enfant autiste comme sujet. Non pas seulement en tant que victime, malade, mais également, et c’est cela qui est important, comme un responsable partiel de son état. Comme un névrosé est toujours responsable en partie de sa névrose, l’autiste l’est aussi. A moindre mesure il est vrai. Il n’est pas besoin de médicaments pour soigner. L’autisme, n’est pas vraiment une maladie. C’est un état. Une sorte d’état primordial d’avant l’acquisition de la parole et des images, de la symbolisation et du refoulement. Ce livre éclaire certains processus liés à l’autisme, comme l’insensibilité à la douleur, le sens de l’équilibre, la capacité mémorielle extraordinaire que ces petits sujets possèdent. Une grosse partie de ce livre est en fait une démonstration de la thèse de l’auteur, doublé d’arguments psychanalytiques, de théories freudiennes et lacaniennes et d’autres psychanalystes mais également de cliniciens de l’autisme, qui depuis des décennies, tentent de décrypter cet état que l’on peut qualifier de « forteresse ». Protection de ce qui vient de hors de soi, protection de l’affection, de l’amour que peut leur dispenser leur entourage. L’autisme est une sorte de bulle, de muraille, qu’un petit sujet dresse autour de lui afin de se prémunir des deuils, des joies et de la vie tout simplement.
L’autiste n’est pas l’esclave malgré lui d’une simple et unique cause organiciste. Trop réductrices, les thèses anciennes des années 60 et antérieures ont construit autour de l’autisme une peur qui n’est que trop idiote et inutile. Il n’y a pas à avoir de crainte devant l’autisme. Les observer avec amour, prendre soi d’eux et les prendre par la main permet d’en apprendre sur soi bien plus que beaucoup s’imaginent.
Le tout de la rencontre avec l’autisme n’est pas de s’enfuir, se laisser gagner par une peur sans nom qui apparaît lorsque l’impuissance nous prends à la gorge. Il est possible de prendre contact avec l’autiste en retrouvant son langage. Chacun d’entre eux à un langage qui n’est pas forcément fait de mots, mais de gestes, de réflexes. Savoir lire et apprendre le langage de l’autiste et le lui montrer permet, dans des cas relativement nombreux de lui faire accéder à la dimension de l’Autre, au contact humain.
Je ne développerais pas les thèses de l’auteur dans ce petit compte-rendu de lecture. Il vaut mieux, si le sujet vous intéresse, lire cet ouvrage, et de vous imprégner de l’intelligence de ces cliniciens qui enfin, préfère regarder l’autisme en face, sans les qualifier seulement de malades, mais comme des individus.

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J'ai assisté en janvier 2007 à une réunion scientifique sur deux jours dont le sujet était "moi et l'autre" (c'était la réunion d'hiver de la société française de neurophysiologie clinique). Il y avait plusieurs présentations sur l'autisme, sur le fonctionnement de leur cerveau, sur les possibilités de prise en charge réeducative...
Un des médecins qui a beaucoup travaillé sur l'autisme (et dont le nom m'échappe à présent) avait présenté une théorie passionnante suivant laquelle les personnes autistes avaient surtout beaucoup de difficultés à identifier les émotions de l'autre (et par conséquent à communiquer de façon adaptée). C'était vraiment passionnant...