Nancy Huston fait dans ce livre le portrait d'une catégorie d'écrivains (du XXe siecle ou contemporains) qu'elle appelle les "néantistes", pour leur prédilection marquée pour le néant et leur dégoût de la vie : Beckett, Cioran, Jean Amery, Charlotte Delbo, Imre Kertész, Thomas Bernhard, Milan Kundera, Elfriede Jelinek, pour les aînés, Houellebecq, Sarah Kane, Christine Angot et Linda Lê pour les plus jeunes. Leur père spirituel à presque tous semble être Schopenhauer, l'auteur de "Le monde comme volonté et comme représentation" à qui elle consacre aussi un chapitre, brillant. C'est un livre très documenté et qui retrace avec le moins de préjugé possible les racines de ce mouvement littéraire dont les oeuvres sont largement considérée dans l'Europe d'aujourd'hui comme des chefs d'oeuvre, récompensés par maints prix littéraires dont 3 prix Nobel (Beckett, Kertész, Jelinek). Si elle condamne la complaisance de ces "mélanomanes" (= qui aiment le noir) dans la noirceur, leur génophobie (peur ou haine de l'engendrement), leur généralisation hâtive de leur cas personnel à l'ensemble de l'humanité, elle sait reconnaître la force de l'ecriture de certains d'entre eux - mais c'est pour mieux souligner la faiblesse de leur pensée.
Dans un style clair et rigoureux, NH nous livre ici un livre lumineux qui éclaire d'une lumière chaude le paysage de notre littérature. L'archange Huston s'est encore une fois affontée aux ténèbres et le résultat est saisissant !
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