Retour en terre
traduit de l'anglais ( Etats- Unis)par Brice Matthieussent
Editions Christian Bourgois
"Nous sommes allés aider Cynthia quand elle a arrêté la voiture. Donald voulait tenter de parcourir à pied la vingtaine de mètres de terrain accidenté avec l'aide de son déambulateur., Clare et David l'entourant de part et d'autre. Il souriait et j'ai du détourner les yeux pour refouler un sanglot , puis j'ai renoncé et laissé libre cours à mes pleurs. Cynthia et David l'ont aidé à s'assoir au bord du trou, puis Cynthia s'est assise près de Donald et lui a enlacé les épaules. Donal a adressé un signe de tête à Hérald, qui a aussitôt enfoncé l'aiguille de la seringue dans le bras de son père. Clare et moi sommes descendus au fond de la tombe pour aider Donald à s'allonger sur le lit de branches de cèdre. Cynthia s'est glissée au fond, puis, allongée près de Donald en lui adressant des paroles douces. Quelques minutes lus tard, Donald était mort et nous nous sommes entraidés pour sortir de la tombe. Cynthia y a lancé une poignée de terre en chuchotant quelque chose que je n'ai pas entendu. Puis Cynthia et Dvid se sont assis dans l'herbe à l'écart, pendant qu'Hérald et moi remplissions la tombe de terre. Clare, qui était partie cueillir des fleurs sauvages, les a jetées en pluie sur le monticule de terre. Puis nous sommes tous rentrés à la maison."
Ainsi doit mourir Donald, atteint d'une sclérose latérale amyotrophique, conformément à la tradition de ses ancêtres indiens s'il veut que son esprit revienne, et pourquoi pas dans le corps d'un ours...
«J'ai eu la chance de passer ma vie près de la terre. Cela rend les adieux plus difficiles. Les membres de ma famille m'accompagneront comme ce vieux corbeau tombant lentement à travers les branches d'un sapin»
Mais avant de mourir et de faire retourner son corps à la terre, il use ses dernières forces à raconter à ses enfants Herald et Clare d'où il vient. Ce premier récit de trois générations de métis indien-finnois qui cherchent à s'implanter dans le Michigan est déjà un roman en soi, et la première partie de ce livre.
Suivent pendant l'année qui suit les récits de ses proches, et leurs propres façons d'accepter cette mort. C'est là que l'on retrouve David, personnage principal de Marquette à VeraCruz, éternel errant qui ne remet pas d'appartenir à une famille de prédateurs qui massacraient les forêts pour faire fortune.
Et Cynthia, la soeur de David , qui s'est enfuie à 17 ans avec Donald, fils du jardinier de ses parents ,"l'homme parmi tous les hommes qui ressemblait le moins à mon père".
Clare, la fille de Donald et Cynthia, choisit d'hiberner selon la tradition indienne, pour tenter d'approcher l'esprit de son père.
Et la force de Jim Harrison est de réussir à nous faire comprendre que ce chemin en vaut bien un autre,qu'il n'y a ni mode d'emploi, ni morale, ni méthode ou croyance mieux adaptées les unes que les autres pour faire face au désespoir et faire ce que demande Donald :
"Tu peux te souvenir de moi, mais laisse-moi partir"
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