Possession.
L'intégrité morale est une valeur menacée de toutes parts. En Afrique du Sud, la corruption et la collusion gangrènent jusqu'au sommet de l'État. Deux flics d'élite ont été mis en touche par une hiérarchie pourrie. Ils pensaient être relégués dans un cul-de-basse-fosse mais leur nouvelle affectation à Stellenbosch, moins pire que prévue, s'avère être d'autant plus piégeuse qu'ils sont sur la sellette, sans soutien et sans marge de manœuvre. Quand ils doivent retrouver Callie, un étudiant volatilisé, Benny Griessel et Vaughn Cupido se heurtent au vide généré par le jeune homme disparu, crack de l'informatique, expert pour effacer les traces physiques et les empreintes numériques. En parallèle et indépendamment de l'enquête policière, Sandra Steenberg, agente immobilière dans la même ville, voit son train de vie menacé par la crise économique qui frappe la région depuis la faillite des entreprises de l'affairiste Jasper Boonstra. Sandra est acculée par les dettes et lorsque le milliardaire escroc, en personne, la sollicite pour vendre une de ses exceptionnelles propriétés viticoles, elle croit voir enfin le bout du tunnel mais Boonstra est vénal et libidineux. Bien renseigné sur la situation de la belle Sandra, il espère en tirer profit pour son plus grand plaisir.
En pipant les dés d'entrée, Deon Meyer va tirer les ficelles à sa guise pour amener tous ses personnages à un point de convergence, un cercle rouge où tout peut arriver. Il sait exactement comment faire avancer son récit, titiller les protagonistes juste ce qu'il faut pour les maintenir la tête sous l'eau et relâcher un peu l'étreinte afin qu'il reprenne de l'air et garde encore un peu d'espoir. Nul sadisme pourtant chez l'auteur sud-africain. Il est sans nul doute attaché à ses héros récurrents, Benny et Vaughn et le lecteur encaisse aussi les coups que prennent les policiers, les otages ou les gens de passage. le suspense est permanent et se tend à mesure que les histoires s'imbriquent. Quand les pièces du puzzle s'assemblent, que les masques tombent, que les risques se précisent, l'alternance des courts chapitres, la succession de dialogues vifs, les descriptions rapides et précises entretiennent l'intérêt du lecteur qui ne peut plus lâcher le livre dans les deux cents dernières pages. La lecture produit toute une gamme d'émotions car l'art de Deon Meyer est demeuré intact malgré les années passées à creuser le même sillon.

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