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[Sous les branches de l'udala | Chinelo Okparanta]
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Posté: Mar 22 Juin 2021 17:07
MessageSujet du message: [Sous les branches de l'udala | Chinelo Okparanta]
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Voici quelques notions sur le Nigeria qui me semblent propédeutiques à la lecture de ce roman :
1. la guerre (civile ou d'indépendance) du Biafra – 1967-1970 – à l'issue de laquelle cette région séparatiste n'accéda pas à l'indépendance, était motivée davantage par le contrôle de la ressource pétrolière que par des raisons ethniques (Igbos contre Haoussas) ou confessionnelles (Chrétiens contre Musulmans) ; les sécessionnistes étaient soutenus notamment par la France et la Chine populaire, l'État unitaire notamment par les États-Unis et l'Union Soviétique ; toutefois, malgré la déclaration officielle du Président victorieux Gowon qui appelait de ses vœux « l'aube d'une nouvelle réconciliation », la fragmentation ethnique semble avoir gardé longtemps de sa vivacité pernicieuse.
2. « D'après une enquête Win-Gallup International Global Index of Religiosity and Atheism, le Nigeria est le deuxième pays le plus religieux [du monde ? d'Afrique?], immédiatement suivi par le Ghana. » (Note de l'auteure, p. 367). La narratrice témoignant très abondamment de sa foi chrétienne, cette religiosité semble au moins aussi prégnante chez les Chrétiens du Sud que chez les Musulmans du Nord.
3. D'après une carte de l'homophobie en Afrique dont la référence est associée sur Internet à cet ouvrage, le Nigeria est, avec la Mauritanie, le Soudan et la Somalie, l'un des quatre pays où l'homosexualité est actuellement passible de la peine de mort.

Le roman est la narration à la première personne de l'histoire d'une femme Igbo du Biafra depuis son enfance lors de la guerre jusqu'à sa fuite du domicile conjugal avec son enfant à peine en âge de commencer à parler. Dans l'épilogue, daté du 13 janvier 2014, l'enfant de cette protagoniste est devenue une adulte professeure d'université dans la capitale, Lagos, et un happy end révèle un déroulement paisible de la suite de sa vie, notamment amoureuse, bien que durablement clandestine, étant entourée de sa compagne Ndidi, de sa mère et de cette fille nommée Chidinma. Dans le corps de la trame, au contraire, se succèdent les drames de la guerre, celui de la découverte de son homosexualité avec Amina avant et durant leur scolarité et des tentatives de sa mère de l'éradiquer par le biais de l'éducation religieuse, celui enfin de son expérience matrimoniale et maternelle d'autant plus désastreuse et violente qu'elle a interrompu et croisé une relation amoureuse épanouissante et heureuse avec Ndidi.
La narration est donc caractérisée par la noirceur et la persistance de désespérance. La construction du roman ainsi que son style sont très classiques. Les marques de la littérature migrante se trouvent notamment dans le recours abondant à des mots voire des phrases entières dans la langue extra-textuelle (la langue maternelle de l'auteure) non traduits ou traduits après coup, ainsi que par l'évocation de fragments de contes, de chansons, de comptines, d'images oniriques de métaphores inhabituelles, dans la langue des origines ou non. Nombreuses sont aussi les citations bibliques et évangéliques, ainsi que les prières, et certaines se présentent également dans cette langue. Les dialogues, les descriptions, notamment celles des nourritures et des paysages, confèrent un réalisme saisissant par rapport aux mentalités en vigueur dans l'environnement de l'héroïne outre qu'à son angoisse existentielle permanente.


Cit. :

Excipit :
« Et puis elle s'est mise à marmonner pour elle-même.
"Le Seigneur qui t'a créée devait bien savoir ce qu'Il faisait. Allez, ça suffit."
Qui sait depuis combien de temps elle délibérait ainsi.
Elle s'est éclairci la gorge et elle a terminé : "Ka udo di, ka ndu di."
Ainsi soit la paix. Ainsi soit la vie. »

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