[Black Hammer. 1, Origines secrètes | Jeff Lemire ; Dean Ormston]
Si j’avais un marteau… je bâtirai une ferme, une grange et une barrière…
Six super-héros ont été relégués depuis maintenant dix ans dans une ferme à Rockwood, un patelin rural isolé dans un univers parallèle. Ayant vaincu l’Anti-Dieu qui menaçait de détruire Spiral City, une ville terrestre, le groupe semble condamné à vieillir dans une bourgade perdue, sans échappatoire possible. Dissimulant leurs origines et leurs pouvoirs, il tente de donner le change au voisinage en composant une famille sans histoire mais si Abraham Slam, ex justicier recyclé en vieux fermier peut passer pour un grand-père lambda, Gail se cantonnant au rôle d’une toute jeune fille alors qu’elle a une cinquantaine d’années et qu’elle est prisonnière d’un avatar enfantin et Barbalien, Martien, plus végétal qu’humanoïde mais protéiforme et changeant d’apparence, les trois autres super-héros sont obligés de se cacher. Le colonel Weird est revenu de ses voyages spatio-temporels vieux et déjanté. Quant à Lady Dragonfly, hantant son château en sorcière recluse et à Talkie Walkie, robot-femelle vaguement humanoïde, leurs apparitions risqueraient de semer l’effroi parmi la population suspicieuse de Rockwood.
1er tome regroupant les six premiers fascicules parus en 2016, Black Hammer surprend par sa teneur mélancolique. Les super-héros sont relégués dans un monde parallèle sans possibilité d’aller au-delà du périmètre restreint de Rockwood. Ils vieillissent. Leurs pouvoirs sont inopérants. Ils doivent se fondre dans la masse et subir les contingences liées à une vie sociale remplie de préjugés, de craintes et de rancœur. Réfractaire aux comics bourrés de super héros en pyjamas et de super méchants, leurs doubles en négatifs, le lecteur peut tenter une incursion dans l’œuvre du talentueux scénariste Jeff Lemire qui prend à contrepied les poncifs du genre et d’un coup humanise et crédibilise sa série qui se poursuit dans un second volume déjà paru et un troisième qui reste à venir. Le graphisme de Dean Ormston bouscule aussi les canons des comics et déploie une vision souvent surprenante.
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