[Les champs d'azur. 1, Les pionniers | Frank Giroud ; Luc Brahy]

Un bol d’air pris sur le zinc.
En 1906, cantonnés dans un fortin de la région aride du Djebel Guettar du sud tunisien, le soldat Théodore Fayard et son lieutenant André Joliot s’aperçoivent qu’ils ont une passion commune pour l’aviation balbutiante. Assiégés par des bédouins déterminés, Fayard émet l’idée de blinder un véhicule, de l’équiper d’une mitrailleuse et de tenter une contre-offensive nocturne, une guerre de mouvement avant l’heure allemande. Démobilisé, Fayard rejoint l’entreprise familiale Joliot puis travaille à perfectionner et à piloter l’aéroplane. Tout est à inventer et la concurrence est folle. La course au prix de récompense entraîne les hommes vers une dérive dangereuse car les appareils ne sont pas encore prêts. Fayard, accidenté, laisse sa place au fils aîné du patriarche Joliot pour une traversée épique de la Manche.
Frank Giroud, chartiste de formation, est un scénariste avisé apte à se documenter en conséquence. Il sait entrelacer l’histoire de l’aviation, passionnante en soi, avec l’histoire familiale et romanesque. Le récit est mené sans temps mort. Malgré le génie inventif, le courage et la détermination de Fayard, homme du peuple devenu fils d’Icare, les revers vont s’accumuler (chutes, ruine financière, drames familiaux, amours contrariés, etc.). Une épopée est en marche et doit courir sur 9 tomes et 60 années, des « plus lourds que l’air » jusqu’à l’Aérospatiale. Le dessin de Luc Brahy n’est pas toujours à la hauteur, dans l’expression des visages, l’aspect des aéroplanes, le rendu des champs d’azur mais le découpage, les cadrages, le travail sur les décors encouragent la lecture qui se révèle agréable.

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