1876, Wyoming, Culver Creek, Buck Carter se réfugie au ranch familial. Jeb, son fils, le fuit. Elisabeth, sa femme, souhaite refaire sa vie avec un gommeux de la ville. Hors-la-loi notoire, Buck s’est longtemps absenté de son foyer où il n’a probablement jamais occupé aucune place. De là à se faire refroidir par le shérif Masterson et ses acolytes sans réagir, Carter n’y songe pas un seul instant. Les chasseurs de prime ont retrouvé sa trace et ils ne reculeront devant rien pour essayer de lui loger une balle dans le crâne.
Justice expéditive, moralité à la dérive, vengeance dérisoire, le récit imaginé par Yves Huppen semble taillé sur mesure pour Hermann qui ne joue pas en écho avec ses œuvres antérieures (Comanche) mais développe depuis des lustres une vision pessimiste et radicale de l’humanité (Jeremiah). A l’aridité des grands espaces désertiques répond la sècheresse des sentiments. La plongée du fils Jeb dans la délinquance, l’errance et la misère sociale est rendue sans empathie et sans véritable justesse avec une économie de mots. Hermann dessine, met en scène, orchestre son histoire sur un canevas scénaristique étique. Pour le grand dessinateur belge, la cause est entendue : « Je ne suis dans le verbal que lorsque le dessin n'arrive plus à exprimer ce que je veux ». L’album se lit d’une traite, très vite. Le lecteur connaisseur de l’œuvre d’Hermann ne peut que regretter des histoires sommaires, un dessin de moins en moins précis et des couleurs directes affadies.
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