Crazy Horse, Red Cloud, Custer et consorts défilent sous les pinceaux magiques de Paolo Eleuteri Serpieri. Tout un mythe renaît et Little Big Horn retrouve ses reliefs et sa fièvre.
Si le scénariste s’approche au plus près de la vérité historique, le parti pris pour les Indiens est évident. L’histoire est vue du côté de Crazy Horse, ses visions, ses capacités fédératrices, son intelligence de stratège, sa victoire à Little Big Horn contre Custer et le 7e de Cavalerie, sa reddition pour sauver son peuple et son caractère indomptable. La dernière histoire du recueil revient à la célèbre victoire indienne du 25 juin 1876 du côté cette fois-ci des soldats et de Custer. En dépit des avertissements des éclaireurs et pisteurs, Bouyer et Bloody Knife, le général Custer a tant envie d’en découdre pour se couvrir de gloire qu’il n’hésite pas à se lancer, lui et ses hommes, dans la tourmente meurtrière.
Paolo Eleuteri Serpieri réussit tout ce qu’il dessine, l’expression des visages, les paysages, les textures. Fidèle aux rares documents photographiques de l’époque, il donne vie à des légendes sans les travestir ou les défigurer. La finesse de son graphisme due à un savant jeu de hachures légères, élégantes, gonflant voluptueusement les volumes parachève la précision du trait et la force des aplats. Plus tard, la venue de la couleur n’affadira pas la puissance de son dessin.
Les éditions Mosquito ne travaillent probablement pas d’après les originaux car le graphisme du maître transalpin n’apparaît pas sous les meilleurs contrastes. Parfois le trait semble à deux doigts de s’évanouir dans la page alors que les aplats noirs n’ont aucune densité. Ainsi les planches pourtant magnifiquement mises en page, cadrées et orchestrées par Serpieri semblent flotter dans un espace flouté, sans profondeur. Si cela est un peu dommageable à la pleine appréciation de la maîtrise et de la beauté formelles de l’œuvre, l’éditeur grenoblois n’est pas blâmable car son travail est fait avec goût au mieux des contingences. D’autres albums continuent l’œuvre westernienne de Serpieri : « Chaman » (2013) ; « Peaux rouges » (2014) et « Mary & John » (2015).

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