"Ici ça va". Ainsi débute le court roman de Thomas Vinau, comme une lettre écrite à l'attention du lecteur, depuis un lieu qui au fil du récit, prend toute sa consistance et révèle son importance.
L'environnement immédiat du narrateur est en effet le socle sur lequel il s'appuie pour réparer ses blessures, se ressourcer, pour apprendre, enfin, à s'accepter. Et c'est la relation de cette renaissance progressive que nous livre ici Thomas Vinau, par touches, en une succession de paragraphes brefs, constitués de phrases elliptiques, véritables condensés de poésie.
"L'avant" est très peu évoqué : nous comprenons simplement que le narrateur, déprimé, et sa compagne, ont quitté leur existence urbaine et trépidante pour s'installer dans la maison où il a passé son enfance. Il n'a, de cette dernière, aucun souvenir antérieur à l'année de ses sept ans, qui est aussi celle de la mort de son père.
L'état de délabrement de la vieille demeure nécessite d'effectuer des travaux grâce auxquels le couple renoue avec une activité physique sainement accaparante, qui les replace dans un rythme régulier mais apaisé.
Le héros reprend ainsi le temps d'apprécier la simplicité naturelle et miraculeuse de l'odeur des plantes, du bruit des animaux ou de l'eau de la rivière, des relations laconiques avec le vieux paysan de la ferme voisine... Il s'épanouit dans l'exécution du travail manuel, en plein air, et réapprend à s'imprégner des signes de l'écoulement des saisons.
A l'image de cet apprentissage de la sérénité, le texte de Thomas Vinau est à la fois simple et beau. Son écriture vive et harmonieuse, riche de sensibilité, nous emmène avec légèreté aux côtés de cet homme qui se réapproprie peu à peu le secret du bonheur.
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