Lire "Un notaire peu ordinaire" a été, pour moi, comme de regarder un film de Claude Chabrol. Un de ces films avec pour cadre une petite ville de province, mettant en scène des héros qui a priori nous ressemblent, mais dont certains dissimulent, sous un vernis de normalité et de respectabilité, des travers condamnables...
Mme Rebernak est inquiète : son cousin Freddy vient de sortir de prison, ayant purgé sa peine. Elle craint le pire pour sa fille Clémence. Cette dernière considère avec une irritation grandissante la sollicitude maternelle, qui entrave une liberté à laquelle, en tant que jeune lycéenne, elle aspire plus que tout.
Yves Ravey, dans un style épuré, se contente de faire parler les faits. Mais les faits sont parfois trompeurs, notamment lorsqu'ils sont analysés à l'aune des a priori, des angoisses propres à saper tout discernement... Et puis, en choisissant d'évoquer les événements de manière parfois partielle, en occultant volontairement certain point de vue, l'auteur parvient à susciter notre intérêt, à instaurer une tension de plus en plus palpable au fur et à mesure du déroulement de l'intrigue.
Contrairement au notaire du titre, le drame qui se joue ici est finalement ordinaire, puisque alimenté par les faiblesses, les mauvais instincts que la conscience et l'éducation ne permettent pas toujours de contrôler.
En peu de pages, Yves Ravey se fait le chroniqueur des aléas qui viennent enrayer le mécanisme bien huilé d'existences tranquilles.
La lecture d' "Un notaire peu ordinaire" ne me laissera pas un souvenir impérissable, mais aura été l'occasion d'un moment agréable.
BOOK'ING
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]