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[Faites vous-même votre malheur | Paul Watzlawick, Jean-...]
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apo



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Posté: Dim 08 Aoû 2010 23:31
MessageSujet du message: [Faites vous-même votre malheur | Paul Watzlawick, Jean-...]
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[Faites vous-même votre malheur | Paul Watzlawick, Jean-Pierre Carasso (Traducteur)]

Lorsque j'étais ado, je me régalais de l'humour de la série télé américaine "La Famille Addams". Son principe comique résidait dans le renversement symétrique des stéréotypes des valeurs familiales américaines (des années 30, ai-je appris ensuite), remplacés par leur exact opposé. Ainsi de la scène irrésistible où la maîtresse de maison coupe soigneusement les boutons pour ne laisser que les épines et les feuilles des roses dont son mari lui a offert un bouquet. A y repenser à l'âge adulte, il y a là, au niveau des symboles, de quoi faire une conférence de sémiologie digne d'Umberto Eco...
Cet ouvrage de 1983, auquel la typographie et la couverture, sans parler du style et de certaines références à l'Empire austro-hongrois, donnent un aspect encore plus vieux et suranné, utilise exactement le même procédé humoristique, en parodiant les best sellers de psychologie appliquée qui commencent à paraître à cette époque-là, riches de conseils pratiques sur "Comment être heureux", agrémentés même pour certains d'exercices progressifs...

"Certes, le nombre de ceux qui paraissent naturellement dotés du talent de fabriquer leur enfer personnel peut passer pour relativement élevé. Mais plus nombreux encore sont ceux qui, à cet égard, ont besoin d'aide et d'encouragement : c'est à eux que ce petit livre est dédié, dans l'espoir qu'il guidera leurs premiers pas après les avoir initiés." (p. 12)

Guidés par le fil rouge (titre de l'édition anglaise originale) que "la situation est désespérée mais non sérieuse", nous rions de cette quête du malheur, mais le rire se fait jaune dès lors que le doute s'insinue de notre identification probable dans une multitude de comportements et de ressentis qui caractérisent notre propre quotidien... Jugez-en vous-mêmes :
"Qu'on ose alors remettre en question mon statut de sacrifié ! Qu'on ose même me demander de remédier à mon malheur ! Ce qui fut infligé par Dieu, par le monde, le destin, la nature, les chromosomes et les hormones, la société, les parents, la police, les maîtres, les médecins, les patrons et, pis que tout, par les amis, est si injuste et cause une telle douleur qu'insinuer seulement que je pourrais peut-être y faire quelque chose, c'est ajouter l'insulte à l'outrage. Sans compter que ce n'est pas une démarche scientifique, non mais !" (p. 25)
Vous ne vous êtes donc pas reconnus dans cette ordinaire dose de paranoïa ? Ne nous sommes-nous jamais nui lorsque la main gauche ignorait ce que faisait la droite ; ni réjoui de la douleur d'un désagrément prévu : "Je l'avais bien dit !" ; ni morfondu dans l'impératif contradictoire : "Sois spontané !" ; ni persécuté par le doute : "Pourquoi m'aimerait-on ?" ; ni n'avons exigé de la personne aimée qu'elle partage absolument nos goûts ? Bon, j'ai compris. Celui qui est prêt à lancer la première pierre sera sans doute un altruiste, de ceux qui savent que "leur idéal élevé [...] contient en [lui]-même sa propre récompense". Eh bien en voilà pour toi, le moi-altruiste :
"Cette bonne action n'était-elle pas un dépôt de fonds sur mon compte personnel en paradis ? Ne visait-elle pas à en mettre plein la vue à des tiers ? Voulais-je me faire admirer ? Contraindre quelqu'un à la gratitude envers moi, en faire, comme on dit si bien, mon "obligé" ? Ne cherchais-je pas plus simplement à atténuer quelque sentiment de culpabilité ? Il n'existe manifestement pas de limites au pouvoir de la pensée négative, il suffit de chercher pour trouver. " (p. 97-98)

Ces extraits ainsi que cette conclusion édifiante suffisent sans aucun doute à donner le ton et la saveur de l'ouvrage. Mais la facétie qu'il me permet me justifie dans l'ajout d'une toute dernière citation, et ce pour deux raisons : 1. pour ne pas éluder le côté social et politique de l'ouvrage (en effet on pourrait croire à une parodie tournée uniquement sur l'individualisme des manuels psychologiques en question) ; 2. en guise de private joke avec l'ami Laudateur (qu'on me le pardonne au nom de l'altruisme !) et plus particulièrement en relation avec notre échange d'hier sur Ivan Illich, dans lequel Paul Watzlawick donne inconditionnellement raison à Illich et à Laudateur - donc tort à moi-même, me causant ce juste malheur que je m'inflige ici publiquement et volontairement, puisqu'il est si bien approprié au thème de cette lecture...
"Ce que les directeurs de zoo pratiquent dans leur modeste domaine, les gouvernants modernes tentent de l'accomplir à l'échelle nationale : confits dans la sécurité, il faut que les citoyens mènent une existence dégoulinante de bonheur du berceau jusqu'à la tombe. Pour atteindre ce noble objectif, il faut, entre autres choses, entreprendre et mener sans relâche l'éducation du public pour lui permettre d'accéder à des niveaux toujours plus élevés d'incompétence sociale. Il ne faut donc pas s'étonner de voir l'accroissement vertigineux des sommes consacrées dans le monde à la santé publique et aux diverses entreprises à caractère social." (p. 12)

Comme aurait pu le dire un peu célèbre soldat austro-hongrois homosexuel un vilain jour de 1529 : "L'empalement est un petit jeu dans lequel ça fait du bien d'avoir mal, au moins au début..." (ça, c'est de moi, vous ne le trouverez pas dans le bouquin de Watzlawick ; mais c'est tout comme...)

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Laudateur



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Posté: Lun 16 Aoû 2010 15:39
MessageSujet du message:
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J'aime bien ton clin d'oeil (même si j'ai mis du temps à réaliser qu'il me concernait... peut-être à cause d'un week-end un peu difficile?)

"Paul Watzlawick donne inconditionnellement raison à Illich et à Laudateur - donc tort à moi-même, me causant ce juste malheur que je m'inflige ici publiquement et volontairement, puisqu'il est si bien approprié au thème de cette lecture... " Quel courage tu as d'avouer ça sur la place publique! Je suis admiratif. Quant à tes motivations (cf. ta note) ça ne me regarde pas.

En te lisant je me disais aussi qu'on pouvait faire des bonnes actions simplement, par amour, sans arrière pensée. Certes c'est rare et pas automatique, mais ça existe, si, si! Tout n'est pas une conséquence de la culpabilité ou du désir de reconnaissance. Il m'est arrivé d'effectuer des actes gratuits (moins nombreux que ce que j'aurai voulu) qui ne m'ont rien apporté (si ce n'est, bien-sûr, la satisfaction d'avoir fait en sorte que personne ne puisse savoir que c'était moi qui les avait fait, m'enfin...)
Et puis, ce n'est pas parce que mes motivations ne sont pas à 100% altruistes que je vais laisser l'autre crever de faim, ou je ne sais quoi.

Qui peut juger nos motivations?

Cependant, j'ai besoin d'étudier mes propres motivations afin qu'elles soient meilleures que ce qu'elles ont été jusqu'ici, parce que j'ambitionne de ne pas exercer de pouvoir sur les autres. Et c'est peut-être pour avancer dans mon autocritique et dans ma réformation que ce bouquin m'intéresse à priori.

Merci pour cette note qui donne envie ;-D
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"Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument."
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Héhéhé ! 
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Posté: Mar 17 Aoû 2010 9:41
MessageSujet du message: Héhéhé ! 
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Merci à toi. Dans tes mots pointe la différence de perspective entre le croyant et le psychologue constructiviste (pour qui la vérité est une construction) de l'école de Palo Alto... Laughing

PS: ce que je suis en train de lire ces jours-ci devrait aussi t'intéresser au plus haut point, même si c'est totalement différent.
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Laudateur



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Posté: Mer 18 Aoû 2010 9:47
MessageSujet du message:
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On ne peut pas en discuter en détail ici, puisque ce n'est pas le lieu, mais la théorie de la construction de la vérité - même si elle contient du vrai me semble-t-il - manque de logique.
Qui a décrété que la vérité était une construction? Dans ce cas, cet énoncé est lui-même une construction et n'est pas plus vrai que l'énoncé qui dit que la vérité n'est pas une construction... Bref, le relativisme est tout de même très relatif!

Pour VOIR que la vérité est une construction, il faut connaître la vérité au sujet de la vérité. Ca pose un problème quand-même! Comme l'a-t-on découverte, si elle n'est que construction? D'où viendrait cette "révélation"?

Ceci dit, force est de reconnaître que certaines réalités sont construites par la culture et l'histoire. De là à en faire un absolu, il y a un pas de foi que je ne suis pas près de franchir ;-D
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Posté: Mer 18 Aoû 2010 23:09
MessageSujet du message:
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Allez, s'il te plaît, laisse-moi discuter un peu quand même...
Je ne suis pas un spécialiste de l'école de Palo Alto, mais un inconditionnel du relativisme (éthique en tout cas, cognitif aussi en large mesure, culturel moins, encore que...). Je pense que tu te trompes en l'accusant de manquer de logique :
Personne ne "décrète" que la vérité est une construction ; on le pose comme POSTULAT, c'est à dire une proposition indémontrable sur la base de laquelle on construit tout le reste, comme les postulats de la géométrie euclidienne. E. Morin, me semble-t-il, y construit la pensée complexe (et ce n'est pas peu)...
On ne demande pas non plus à l'énoncé "la vérité est une construction" d'être VRAI, mais seulement, comme généralement en épistémologie depuis Popper, d'être PLUS EXPLICATIF que les énoncés antagonistes. Enfin et surtout, le relativisme dans son ensemble impose méthodologiquement de renoncer à l'idée (si typique et "consubstantielle" de la foi, me semble-t-il) que quiconque puisse être dépositaire d'une quelconque vérité, car dans le cas contraire l'on est par trop tenté de sous-estimer ceux qui ne reconnaissent pas "la vérité", voire de les forcer à l'accepter (ce qui s'appelle le prosélytisme et mène très facilement vers toutes sortes de méchants bûchers, sans parler de terrorisme...!). La principale vertu du relativisme, pour moi, c'est d'être la prémisse nécessaire (pour moi) et suffisante pour la tolérance. Perso, cela vaut bien une messe, mais je ne m'appelle pas Henri IV, comme on l'aura deviné Laughing
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