Cette longue nouvelle met en scène le monologue d'un rejeton de la Maison d'Allemagne à l'époque bismarckienne, en quête de génie, devenu ventriloque par la fréquentation de saltimbanques, fait interner en psychiatrie par son auguste lignée pour sa prodigalité et son anarchie. Embarqué avec d'autres patients psychotiques vers un phalanstère thérapeutique au Mexique, son cinq-mâts fait naufrage et échoue sur une île déserte qui ne sauve des flots que les fous et un mousse adolescent. Pendant que s'organise la société régie par l'insanité, le nôtre tombe amoureux et s'enfuit sur un radeau avec sa cannibale d'Augustia. Sauvetage de lui seul. Retour en société. Retour à l'asile. A moins que... Finale ouvert et problématique typique des nouvelles.
Les points saillants du texte : le style hyperbolique dans lequel excelle Haddad - je défie quiconque de ne pas avoir recours à (ou besoin d') un dictionnaire au moins une fois au cours de la lecture ; des considérations et des images intrigantes voire bouleversantes sur la folie ; par conséquent, une tendance à l'aphorisme fort jouissif - exemple :
"Mais qu'est-ce que la réussite ? Un clignement de paupière anodin du dieu de la paresse. Le monde se tue inutilement à exister. Même avec tous les talents, rien n'arrive sans grâce. J'en savais quelque chose." (p. 26)
A noter aussi les nombreux et très beaux dessins de l'auteur au fil des pages (ils pourraient avoir été tracés par le narrateur...)
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]