Voici enfin un des plus grands chefs-d’œuvre de la bande dessinée réédité en couleur au plus proche de l’original mais en américain, of course. Les éditions Fantagraphics, sises à Seattle, aux States, remettent le couvert et impriment en grand format version luxe les aventures de Prince Valiant au temps du roi Arthur, au Ve siècle de notre ère. Fils du roi exilé de Thulé, Valiant le jouvenceau, cornaqué par Sire Gauvain, va devenir le plus glorieux des chevaliers de la Table ronde. Déjà pourvoyeuse d’une édition intégrale courant de 1937 à 1970 et reprenant la totalité des planches dessinées par le génie du 9e art, Hal Foster (1892-1982), Fantagraphics a jugé son premier travail éditorial insuffisant et remet sur le métier l’ouvrage. L’encrage des toutes premières pages est encore trop pâteux mais très rapidement, la beauté du dessin à la plume apparaît dans sa légèreté, sa délicatesse, son évidence. Les cadrages inventifs, la profusion des détails, la dynamique de l’histoire, l’invention permanente, la splendeur des couleurs et la lisibilité de l’ensemble que le grand format accentue sont quelques uns des constituants d’une œuvre magique, ensorcelante, intemporelle, admirable sous tous les angles. Prince Valiant va se marier, courir le vaste monde, avoir des enfants et vieillir. Après que Foster, maître alchimiste d’un scénario dominé et d’un dessin époustouflant, gagné par l’arthrite, se soit fait remplacer en 1970, l’épopée continue sous les plumes affûtées de John Cullen Murphy et plus récemment de Gary Gianni au dessin et Mark Schultz à l’écriture. On peut raisonnablement inscrire Prince Valiant dans un âge d’or de la bande dessinée. Jamais personne n’a fait mieux depuis dans le genre épique. Il faut aussi signaler que Harold R. Foster travaillait une cinquantaine d’heure sur chacune de ses planches hebdomadaires. Les versions françaises des éditions Hachette, Slatkine, Futuropolis ou Zenda ne valent pas celles de la Serg des années 70, de qualité mais en noir & blanc.

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