[Tex. Maxi n° 4, Les deux visages de la vengeance | Gianluigi Bonelli ; Aurelio Galleppini]
Infidélité à José Ortiz mais découverte de l’excellent dessinateur Miguel Angel Repetto. Vite, afin d’en connaître un peu plus sur Miguel A. Repetto, un coup d’œil dans « Le Dictionnaire mondial de la bande dessinée » de Patrick Gaumer, tout juste réédité chez Larousse, fraîchement acquis, précieux en dépit d’oublis, de lacunes diverses et d’un aspect trop peu critique ! Et là, bis repetita, rien sur Repetto ! Pourtant, le dessin est élégant, finement hachuré. Les chemises à petits carreaux de certains personnages sont visuellement surprenantes. Bien que les visages ne soient pas toujours convaincants dans l’expression ou la symétrie des regards, quand Miguel Repetto soigne ses dessins, il devient Angel et le lecteur est aux cieux. Le trait s’aminscit et sa main s’aile. Le présent recueil de Tex se scinde en deux histoires indépendantes dont le thème est la vengeance. La première, la plus longue, « La colère de Tex », est placée sous le signe de la vendetta. Don Luis Toledo, chef d’un gang de Mexicains, a vu sa famille massacrée par les Navajos. Sa haine des Indiens est supérieure à celle qu’il nourrit pour les yankees, responsables de la spoliation des terres familiales lors de la conquête d’une partie du Mexique par les troupes américaines. Toledo s’allie pourtant avec le capitaine Ellis, de Fort Flanteroy. Celui-ci, vaniteux, cupide et lâche vend aux colons les provisions destinées aux Navajos de la réserve. Les Indiens sont affamés et prêts à se rebeller. Tex, accompagné de Victorio, fils du chef navajo Sierra, se rend au fort afin d’éclaircir l’histoire. Le vénal Ellis, hélas et c’est là qu’est l’os, a déjà ourdi un plan avec Toledo. La bande de Mexicains se déguisera en Indiens et massacrera un groupe de colons. En représailles, Ellis lancera la troupe sur le camp navajo afin d’exterminer toute la population indienne. Il espère ainsi prendre du galon. La mitrailleuse Gatling va faire des ravages. Les impacts de balles et les corps tordus de douleur ne sont pas sans rappeller l’incroyable film de Sam Peckinpah, « La Horde sauvage » [The Wild Bunch]. Tex évitera le pire mais la tragédie de Toledo se réalisera. Antonio Segura connaît ses classiques et sait mener rondement une histoire tragique à l’antique à la sauce mexicaine au goût d’aujourd’hui.
La seconde aventure du volume, « Haine implacable » fait une bonne centaine de pages et n’est pas en reste dans le rayon pétarade. L’action débute au Texas et se termine au Nouveau Mexique. Des voleurs de bétail se font surprendre par Tex Willer et Kit Carson aidés opportunément par les « longues cornes » prises de panique par les coups de feu. Cornaqués par un rascal repentant, Wesley Fargo, Tex et Kit vont tenter de trouver le commanditaire des vols de bovins, le mystérieux Estrella Negra. Don Jaime, riche propriétaire terrien mexicain, tyrannique et implacable, a un fils veule, Sancho, et un fils naturel, son intendant, Miguel Nogales. Ce dernier couve sa haine et son désir de reconnaissance. Il sera impitoyable pour arriver à ses fins. Lorsque le trio d’amis abordent le village du Nouveau-Mexique, un feu nourri de pruneaux brûlants les cueille. Ils n’ont plus qu’à esquiver et riposter. Nogales mène les péons et ses affidés du ranch Tres Cruces dans une bataille rangée contre les rangers. Balles, dynamite et incendie n’arriveront pas à déloger Tex et Kit réfugiés dans l’église du village, la crypte et le cimetière.
Le lecteur n’a pas le temps de souffler tant l’action est menée vivement. Les balles sifflent, les corps explosent et se tordent sous les impacts. On reprend son souffle en dernière page mais le mal est fait et le plaisir de lecture intact.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]
Afficher toutes les notes de lectures pour ce livre