[Magasin général. T. 5, Montréal | Régis Loisel, Jean-Louis Tripp]

Montréal, 5e tome de la série Magasin général est dans la continuité du précédent volume, Confessions. Marceau Allaire a couché avec Marie Ducharme, toute dépourvue quand la bise fut venue. La nouvelle du cocufiage se répand dans la communauté dévote de Notre-Dame-des-Lacs, tel l’éclair dans les yeux charbonneux : « Marie ! Jésus ! Joseph ! ». Ainsi s’expriment a capella les trois vieilles bigotes du village. L’affaire est grave. Tout le monde s’y colle et s’emmêle. Les amitiés se détricotent. Les rancœurs se fossilisent. Marceau ne sait plus à quels seins se vouer et les torgnoles pleuvent sur lui comme un fléau punitif. Marie ne sait plus à quel dieu s’adresser. Serge Brouillet réconforte son amie au mieux de ses dispositions naturelles, avec bonté et clairvoyance. Il remet à Marie les clés de son appartement resté vacant à Montréal et lui offre une nouvelle vie. Saura-t-elle en profiter ? Le Magasin général va-t-il fermer ? La communauté est-elle menacée ?
Ce nouvel album de Tripp et Loisel est encore une réussite formelle et narrative. L’histoire pourtant anecdotique a du chien et du liant. Elle captive dès la première image. Tout fait sens : les cadrages, les modelés, les couleurs, le parler québécois, les non-dits ainsi qu’une multitude de détails. Le tout est un régal permanent pour les yeux et l’esprit du lecteur. On ne se situe pas dans la nostalgie des chromos et du passé mais dans la vie même, dans son allant, avec ses repentirs et ses élans, l’enchaînement inexorable des actions rendant impossible tout retour en arrière.

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