Comment rendre compte d'un roman si riche ? Je vais en laisser la moitié à côté et dire des bêtises.
Antoine Roquentin traîne son statut de rentier biographe ennuyé à la bibliothèque de Bouville, très agressé par la vue de la viande, des carcasses, des bourrelets rutilants de vie chez les personnes qu'il croise et avec lesquelles il n'a pas d'autres relations que le bonjour-bonsoir factice et désengagé. La Nausée monte, qu'il ne sait pas analyser. La seule chose qui l'en sort est un air de jazz... Il croisera un Autodidacte humaniste piteux, un ex embourbée dans la même problématique que lui mais décidée à ne pas faire équipe, et... eh bien, c'est tristement tout.
Ce sentiment d'existentialité, chez Sartre, dont j'ai lu pourtant d'autres ouvrages, je le croyais beaucoup plus pur, dégagé des scories des contingences et de tout transcendance. Plusieurs fois, en lisant, j'ai eu l'impression que ça n'était pas le cas, qu'il y avait comme une faille. Je n'aurais pas appelé existentialisme cette conscience d'être en vie et en (triste) chair et en même temps vide ; ça me fait penser à un recyclage de l'inusable Spleen, de l'Ennui... Je veux bien croire qu'il fasse un énorme clin d'oeil en écrivant par exemple "ils se sont lavés du péché d'exister", mais c'est troublant. C'est sûrement cela qui rend le roman assez captivant, complexe, touchant.
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