Une couverture splendide ouvre sur le dénouement du Rayon du mystère à travers son 2e épisode, L’éruption du Karamako. Dans leur fuite, Jo et Zette se tiennent par la main pendant que Jocko, bouche bée, fixe le volcan en éruption. Le mouvement, la composition et la précision du dessin sont remarquables. D’ailleurs Hergé utilisera à nouveau cette habile construction en diagonale pour la couverture de Tintin et les Picaros.
Maintenant vénérés par les anthropophages, Jo, Zette et Jocko ne vont pas savourer longtemps ce répit car les pirates lancés à leur poursuite débarquent sur l’île Aïneo alors que le volcan se réveille. Jo replonge entre les griffes du savant dément, avatar du Docteur Frankenstein qui tente de faire passer l’âme de Jo dans son robot. Un quiproquo rend la scène désopilante.
Résumer les péripéties est impossible tant elles s’enchaînent rapidement, les personnages prenant des chemins extraordinaires et divergents pour se trouver réunis à la fin de l’histoire. Tout est prétexte à l’action, au mouvement pour le combat incessant du juste contre l’immoral. La famille Legrand constitue le noyau nucléaire autour duquel les forces négatives gravitent. La famille au complet signifie la liesse. Si Jo a un corps d’enfant, sa grandeur d’âme, son esprit posé le mettent au-dessus des sentiments primaires, telle la panique. Alors que Jo, son père et deux marins vont être noyés, l’île sous-marine prenant l’eau de toute part, Jo s’écrie : « Mon Dieu, où avais-je donc la tête ?... » et son père, de l’eau jusqu’au bassin, reprend : « Quoi ?... Que veux-tu dire ?... » ; « Suivez-moi !... Il y a, à l’étage supérieur, une coupole de secours détachable ! J’ai vu cela sur un plan que le savant avait un jour laissé sur son bureau… ».
Les aventures de Jo, Zette et Jocko ont pris un bon rythme de croisière avec ce 4e album, avant-dernier de la série, hélas ! Bien qu’elles développent des similitudes avec les aventures de Tintin, elles n’en demeurent pas moins totalement indépendantes, ne serait-ce que par l’esprit de famille qui prévaut ou encore par l’intervention des adultes en tant que sauveteurs des enfants. Il est dommage que Hergé n’ait pas pu s’investir davantage dans l’évolution des personnages et des histoires car la lecture reste très plaisante, un demi-siècle plus tard.
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