Le roman de Zoé Oldenbourg a pour cadre la France au début du XIIIe siècle.
S'il retrace la grande pitié de ce monde rude et raffiné, la misère des pèlerins et des vagabonds sur les routes du Midi, les malheurs de la guerre, il évoque plus particulièrement la vie des petits seigneurs des environs de Troyes, avec ses tournois, ses mœurs courtoises et grossières, ses drames de famille et ses sanglants règlements de comptes...
Au centre de l'action se fixe en trois générations le destin tragique de l'une de ces familles, la famille de Linnières :
Ansiau, « le vieux », hanté par le souvenir de Jérusalem et du fils qu'il y a perdu, lancé sur la grande route, aveugle, mendiant, humilié, gardant toujours sa fierté d'ancien croisé ;
son fils, Herbert, « le gros », grand ramasseur de terres et d'écus, brutal, violent, jouisseur, petit féodal qui veut être grand seigneur sur ses terres ;
enfin, le fils d'Herbert, Haguenier, que sa nature exaltée et son éducation chevaleresque opposent à son père, et qui se consacre avec toute la bonne foi de la jeunesse au service de sa Dame, la belle et décevante Marie de Mongenost.
Parallèlement à leurs aventures singulières ou tragiques, se nouent et se dénouent d'autres destinées également cruelles - que ce soit dans la forêt de Linnières hantée par les fées, sur les routes du Languedoc dévasté par la Croisade des Albigeois ou dans les vallées de Palestine. |