Mais que signifie à la fin le nez rouge, comme abandonné, oublié sur la couverture ?
Il est d'abord l'absence, ou le dévoilement trop tardif d'un père dont il a connu l'histoire trop tard, trop tard pour découvrir quel héros était ce père, ce qui lui aurait évité les sarcasmes méprisants du "morveux" qu'il était alors.
Du mépris, il en avait aussi, et à revendre, pour l'oncle Gaston et la Nicole, sa petite femme potelée.
Mais voilà qu'un jour, tous sur leur trente et un, ils sont allés ensemble au cinéma, comme on va à la messe. Et dans le générique, un nom allemand est apparu, et tous ont été parcourus par un frisson que l'auteur, adolescent, ne pouvait pas comprendre. Pas encore.
Il a fallu attendre la fin du film, et que Gaston s'installe devant une bière, au café d'en face, pour lui rapporter toute l'histoire.
Celle qui a fait de son père, d'un simple instituteur qui faisait aussi le clown le dimanche, pour arrondir (tous) les mois difficiles, un résistant.
Un résistant - avec son nez rouge - à toutes les indignités de la guerre et à toutes les mascarades, à toutes les pitoyables pitreries d'après-guerre, où les accusés finissent par apparaître comme les véritables augustes aux cheveux rouges.
Ce livre vous happe, et derrière les "effroyables jardins", on en découvre d'autres, incroyablement soignés et beaux comme des paradis, où l'on peut continuer, dignement, à "être des hommes".
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