Entrons donc dans ces jardins de lettrés chinois, tels que nous les restitue, dans leur subtile et changeante beauté, l'anthologie réunie par Martine Vallette-Hémery. Ils les ont rêvés, habités ou visités, et leur aménagement reflétait leur art de vivre et leur conception du paysage. Le jardin était pour eux "un monde dans une jarre", un paradis où se réfugier hors du temps et des pressions de la vie sociale. Ils se passionnaient pour les bambous ou les lotus, dressaient des pierres figurant des montagnes, ordonnaient et ornaient la nature comme le poème le langage.
A ces espaces de plaisir secret ou partagé, ils donnaient pour nom le "Val du Vieillard Stupide", le "Jardin des Fleurs de Prunier", le "Jardin qui me Plaît", la "Tour de Tous les Possibles". En lisant ces proses, on apprend à voir et à interpréter les jardins chinois, mais encore comment on y séjourne, comment ils parlent au cœur et à l'esprit.