Nicolas Bouvier (1929-1998) : écrivain-voyageur ? Sans doute, mais d'abord écrivain tout court, et puis aussi Genevois, poète, photographe... A seize ans, celui qui s'emploiera à " raconter le voyage pour apprendre à écrire " sait qu'il veut sillonner le monde et inventer un art de la vie. Il part sur la route de l'Orient, d'abord en auto avec un ami jusqu'à Ceylan, puis seul jusqu'au Japon. Quand il rentre à Genève pour se marier et fonder une famille, il a quasiment dans sa besace la matière des trois livres qui font sa réputation aujourd'hui : L'Usage du monde, Chronique japonaise, Le Poisson-Scorpion. Il lui faudra du temps pour les écrire, il lui faudra voyager encore à travers le monde, et aussi voyager dans sa mémoire. Ce portrait se fonde sur des documents inédits : la correspondance de l'écrivain (notamment avec le peintre Thierry Vernet, son meilleur ami), ses feuilles de route et ses carnets. François Laut, qui l'a connu, a également interrogé ses proches. C'est donc un Nicolas Bouvier intime qu'il nous raconte, introspectif, souvent déprimé, toujours ironique, pleinement artiste. On suit le Genevois dans les voyages qu'il n'a pas racontés et dans ce qu'il a tu ou écarté des voyages qu'il a racontés. On le voit batailler en poète avec l'écriture et ses démons intimes ; on le voit vivre, aimer, souffrir en consumant son existence. |