J'ai longtemps détesté Ignace de Loyola, lui trouvant l'air d'un égaré baigné de larmes. nous appelant sans discrétion aux sacrifices qu'une imagination médiévale lui faisait concevoir. Je n'aimais ni sa phrase, ni ses deux étendards, ni son passé de soldat ni son avenir de général du pape, ni son visage au front étroit et fuyant. Son militarisme m'écoeurait, tout comme ses règles et ses disciplines et les mille arguties de sa correspondance. Je ne voyais pas comment le même homme qui avait voulu, selon la tradition orientale, devenir "fou pour le Christ'', et méprisé. pouvait dans ses lettres peser à ce point le pour et le contre et composer avec les puissants". En un portrait bref et acéré, François Sureau fait céder l'image trop lisse d'un homme auquel les livres pieux sont impuissants à rendre justice.