J'ignorais comment, mais je savais que j'y arriverais. Gravir les 8 848 mètres qui font de l'Everest le Toit du Monde, un sommet réservé aux alpinistes expérimentés. Moi, d'expérience, je n'en avais pas. Aucune. Je n'avais jamais enfilé de chaussures cloutées, jamais essayé un piolet, ni un mousqueton, jamais mis le nez dans le tas de cordes dont les grimpeurs se saucissonnent. J'avais bien gravi les murs d'escalade au pied de ma cité, à L'Île-Saint-Denis, mais à part ça... Alors, pour intégrer un groupe de professionnels, j'ai pipeauté mon CV. À l'organisateur de l'expédition, j'ai fait croire que j'avais gravi le mont Blanc et le Kilimandjaro. J'aurais pu aussi bien dire l'Annapurna ou la Lune, ça ne coûtait pas plus cher. Mais ça a marché. Je pense que dans la tête du gars, personne ne serait assez fou pour se mesurer à l'Everest sans une expérience en béton armé. Je me disais : j'ai connu la galère, j'ai réalisé un tour du monde à vélo, j'ai été bouclier humain en Irak, et je suis même devenu journaliste, alors l'Everest... J'avais tort. Là-haut, j'ai failli y laisser ma peau. Plusieurs fois |