Il est une question que l'on me pose souvent, la question des idées. Comment elles arrivent, où je les pêche, le fameux "mais où va-t-elle chercher tout ça". De quelle façon s'est imposée, en l'occurrence, l'idée d'écrire un roman à partir d'une séance photo avec Karl Lagerfeld ? J'ai tendance à répondre que les idées n'existent pas, qu'il n'y a que du temps. Ou si elles existent, elles ont bien peu à faire avec la pratique du roman, son écriture au jour le jour. Elles sont là en amont, couvrent des pages de notes préparatoires, puis fondent comme neige au soleil. Restent les parties du corps qu'elles ont mises en lumière, les lignes qu'elles ont inspirées. L'apparition d'un chat. Le clignement d'une paupière. Des chaussures vert tilleul. Deux lettres, un angle, une jetée. Un voyage à Baden-Baden, le rendez-vous des évaporés. La douceur de la bouche de Frederika, son velouté.