A la fin du IVe siècle de notre ère, une patricienne romaine âgée de cinquante et un ans tient son journal, ou plutôt une sorte d'agenda. Elle consigne sur des tablettes de bois des achats qu'elle projette, des rentrées d'argent, des plaisanteries, des scènes qui l'ont touchée. Pendant vingt ans Apropenia Avitia se consacre à cette tâche méticuleuse, dédaignant de voir la mort de l'Empire, le pouvoir chrétien qui s'étend, les troupes gothiques qui investissent à trois reprises la Ville. Elle aime l'or. Elle aime la grandeur des parcs et les barques plates chargées d'amphores et d'avoine qui passent sur le Tibre. Elle aime descendre aux cuisines et dévorer tout à coup. Elle aime les hommes qui oublient de temps en temps le regard des autres hommes. Elle aime les vantaux aux fenêtres qui ne laissent pas passer le jour.