La calligraphie, le caractère d’imprimerie, l’écran informatique : trois modes d’encodage d’un message, trois époques. La première fut longue, la troisième semble promise à une belle carrière. Quant à l’ère du livresque (G. Steiner) et de la lecture, qui s’est ouverte trois siècles avant l’invention de l’imprimerie, elle aura finalement été passagère. Elle est en train de s’effacer sous nos yeux, au profit d’une culture de l’écran et de la communication. Aujourd’hui, l’œil déchiffre l’écrit, le cerveau en interprète le contenu. Ce schéma, qui nous semble banal, ne remonte qu’au début du XIIème siècle, moment où se constitue la culture du livre et de la lecture. C’est ce que montre Ivan Illich en nous introduisant à "L’Art de lire" qu’un chanoine régulier de la rive gauche, à Paris, rédigea à l’intention de ses élèves. C’est en effet à l’époque de Hugues de Saint-Victor (v. 1096 - 1141) que le livre prend peu à peu la forme que nous lui connaissons, grâce à une bonne douzaine d’inventions techniques : amélioration de la ponctuation, retraits, insertion de titres et de rubriques, division en chapitres, index des matières classées dans l’ordre alphabétiques, etc. Cette « culture du livre » aura transformé nos rapports avec la nature et avec autrui... jusqu’à nos jours.
Titre
Du lisible au visible
La naissance du texte, un commentaire du "Didascalicon" de Hugues de Saint-Victor