Il est très vieux, il est peintre, il est célèbre. Il sait qu'il va bientôt mourir. Il ferme les yeux, comme il a fait toujours, pour mieux voir. Il songe, il se souvient, il raconte. Enfants, amours, voyages, joies et peines, toute sa vie se coalise dans une passion unique: peindre. Ce fut un long tourment, un long combat. Aujourd'hui, c'est fini. Il s'agit d'écrire le mot "fin" sans trembler. Rien de funèbre pourtant. Sa joie demeure. On l'a mis sur un piédestal. On n'a pas deviné chez cet artiste qui exalte l'ordre et la clarté les dégoûts qu'il a surmontés. Il se penche sur ses gouffres, il explore des ravins insoupçonnés, il révèle sans complaisance sa part d'ombre. Il ne va pas mentir. On visite son atelier mais on entre aussi dans sa cave, aux confins de nos lueurs apprises. Ce n'est ni une biographie ni un roman. Ce sont les carnets imaginaires d'un homme rivé à sa vocation depuis ses jeunes années et qui n'a jamais dévié de sa route. Un livre d'heures. Cet homme, ce pourrait être Henri Matisse. " Frédéric Ferney raconte la jeunesse et les derniers jours d'un homme qui a célébré la vie, et a su donner un visage à la sensualité. Le portrait émouvant d'un peintre de génie, pris dans son dernier combat avec l'invisible. |